Au Centre universitaire d’enseignement par simulation médicale, à Vandœuvre-lès-Nancy, le 17 novembre. | Mathieu Cugnot pour « Le Monde »

C’est une bonne nouvelle pour les milliers d’étudiants qui s’inscrivent chaque année à la très difficile première année commune aux études de santé (Paces) : une hausse du numerus causus a été annoncée par la ministre de la santé Marisol Touraine jeudi 24 novembre à l’Assemblée, lors du débat sur la proposition de loi Union des démocrates et indépendants pour un « accès aux soins égal sur l’ensemble du territoire ».

Quatre cent soixante-dix-huit places supplémentaires seront débloquées dès le concours 2017, « soit une augmentation de 11 % » a déclaré Mme Touraine. Le ministère précise au Monde que ce nombre « a été déterminé en fonction des besoins identifiés localement, avec l’ensemble des acteurs » et qu’il concerne uniquement 22 facultés, lesquelles n’ont pas été listées pour l’instant. Autrement dit, et comme l’ont déjà fait remarquer des observateurs du milieu médical sur les réseaux sociaux, cela équivaut à une hausse de 11 % pour les facultés concernées, non à l’échelle nationale.

Devant l’Assemblée nationale, la ministre a rappelé l’augmentation ciblée déjà décidée à la mi-novembre 2015 : 131 places pour 10 régions en manque de médecins, soit une hausse de 6,4 %. Le décret actant la nouvelle hausse du numerus clausus devrait être publié « prochainement », et précisera le nombre de places dans chaque université.

Contactées par l’Agence France-Presse, les organisations professionnelles, d’étudiants ou d’internes (en troisième cycle d’études) se montrent très réservées sur cette mesure. Elles s’interrogent en particulier sur les conditions de mise en œuvre dans des facs aux « capacités déjà largement débordées », selon Claude Leicher, le président de MG France, syndicat des médecins généralistes. Il faudra augmenter le nombre d’enseignants et les possibilités de stages, prévient-il. Attention à ne pas « sacrifier la qualité de la formation », renchérit Antoine Oudin, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf).

Mieux prendre en compte les choix d’installation

Mme Touraine a défendu la « politique forte, volontariste, innovante » depuis 2012 en faveur de l’installation de jeunes médecins dans des zones sous dotées (maisons de santé pluridisciplinaires, contrats d’engagement de service public, etc.). Si cette politique « commence à porter ses fruits », selon elle, elle doit être « poursuivie et amplifiée », en refusant l’option de « coercition à l’installation » préconisée notamment dans le texte de Philippe Vigier, chef de file des députés centristes.

Pour « mieux prendre en compte les choix géographiques d’installation », Mme Touraine a dit également que « de nouvelles règles de zonage vont se mettre en place » afin de « répondre à la situation des zones aujourd’hui sous dotées, mais aussi de mieux anticiper celles qui peuvent le devenir ». Entre autres mesures, elle a aussi affirmé qu’elle allait « proposer des dispositions – nécessairement législatives – qui permettront de traiter la situation des médecins qui n’ont pas soutenu leur thèse dans les temps et souhaitent exercer la médecine ». Parallèlement au bilan, qui sera fait « dans les prochaines semaines », de la politique menée depuis le début du quinquennat de François Hollande, une mission parlementaire sur la démographie médicale « permettra de faire un point, et le cas échéant d’aller plus loin », a encore dit la ministre.