Les élèves du collège Versailles, dans le 3arrondissement de Marseille, ont été confinés dans leurs classes, lundi 28 novembre, durant deux heures, après la découverte de deux flèches dans l’établissement. En présence de policiers, ils ont quitté le collège à midi, « en rasant les murs », a expliqué un professeur. Suspendus lundi après-midi, les cours ont repris mardi matin 29 novembre, selon un responsable du collège, alors que des renforts de police avaient été dépêchés. Lors d’une réunion, les enseignants devaient décider d’un éventuel exercice du « droit de retrait ».

Si le rectorat parle de deux flèches « retrouvées » dans le collège, des témoignages attestent d’au moins un tir réalisé dix minutes avant la récréation. Après en avoir ramassé une au sol, un parent qui avait rendez-vous à la vie scolaire aurait vu la seconde voler et atterrir sur un terrain de sport désert à cette heure. Au cours des quinze jours précédents, deux autres flèches identiques, qualifiées de « professionnelles », mesurant une soixantaine de centimètres avec un embout en métal, avaient déjà été récupérées par un assistant d’éducation dans la cour et une autre sur un « toit coursive ». Une enquête a été ouverte.

« Violence permanente »

Une délégation d’enseignants de Versailles s’est entretenue lundi avec Najat Vallaud-Belkacem, en déplacement à Marseille où elle présidait une table ronde sur la vétusté des écoles élémentaires. La ministre a souligné qu’« il n’y a pas eu de tir repéré contre des élèves ou des enseignants ».

Un inspecteur d’académie adjoint et l’équipe mobile académique de sécurité se sont rendus au collège pour s’entretenir avec le personnel, choqué. « Des événements de plus en plus violents s’enchaînent depuis la rentrée », témoigne une enseignante, rappelant qu’avant les vacances d’automne des collégiens et leur professeur d’EPS avaient été ciblés – comme d’autres passants – par des tirs de petits plombs alors qu’ils se rendaient à la piscine.

Situé à proximité du pont autoroutier de l’A7, enclavé dans le quartier de la Villette, l’établissement classé REP +, est entouré d’immeubles dégradés. Il se situe au cœur du 3e arrondissement, classé par l’Insee « commune » la plus pauvre de France. « Chez les enfants, témoigne une enseignante, la violence est permanente. Certains ont déjà vu des fusils d’assaut, ils sont témoins de bagarres quotidiennes et beaucoup adoptent l’intimidation comme mode de fonctionnement car ils n’ont que cet exemple sous les yeux ». L’équipe enseignante se félicite d’avoir, en cinq ans, porté le taux de réussite au brevet de 60 à 90 %.

Des établissements scolaires marseillais sont régulièrement touchés par des tirs. En mars, la directrice de l’école de la cité La Bricarde (15e) réclamait la construction d’un mur, des balles de Kalachnikov ayant atterri dans la cour des maternelles. Le 30 août, alors que l’équipe enseignante préparait la rentrée, l’école La Rose Val Plan (13e) était la cible d’un véritable « tir aux pigeons », le tireur ayant utilisé une sorte de carabine à plombs.