Le président sud-africain, Jacob Zuma, le 15 novembre à Johannesburg. | GIANLUIGI GUERCIA / AFP

Le président sud-africain, Jacob Zuma, affaibli par une rare succession de scandales, est sorti vainqueur, mardi 29 novembre, d’une fronde sans précédent au sein de son parti. Au terme d’une réunion de trois jours, la direction du Congrès national africain (ANC) a en effet décidé de ne pas « soutenir l’appel [de plusieurs ministres] à la démission du président », a déclaré le secrétaire général du parti, Gwede Mantashe.

Selon plusieurs médias, trois membres du gouvernement ont demandé le départ de M. Zuma – dont le mandat n’expire qu’en 2019 –, inquiets de l’impact désastreux des scandales de corruption qui empoisonnent sa présidence. Ce climat délétère a déjà valu à l’ANC, au pouvoir en Afrique du Sud depuis l’avènement de la démocratie en 1994, une débâcle historique aux élections municipales en août.

Succession de Zuma en 2019

Lors de la réunion de la direction de l’ANC – qui a le pouvoir de démettre le chef de l’Etat, comme il l’avait fait avec Thabo Mbeki en 2008 –, tous les membres « ont eu l’occasion de soulever les problèmes qui, selon eux, portent atteinte au mouvement et au pays », a fait valoir M. Mantashe. Mais « le plus grand danger pour l’unité de l’ANC est d’engager un combat les uns contre les autres » en vue de la succession de M. Zuma à la tête du parti, a mis en garde le dirigeant. Le parti doit en effet désigner en décembre 2017 son nouveau leader qui, en cas de victoire de l’ANC aux élections générales de 2019, succédera à M. Zuma à la tête de l’Etat.

Lors de la réunion de l’ANC, le président s’est défendu bec et ongles contre ses rivaux, selon les indiscrétions des médias. Il « nous a dit qu’il ne démissionnerait jamais, car ce serait capituler face à l’ennemi, et que de nombreuses personnes souhaitaient le voir en prison », a affirmé une source anonyme, citée par le site d’information News 24. Signe que M. Zuma a repris la main, au moins provisoirement : il a quitté tôt mardi matin l’Afrique du Sud pour assister aux obsèques de Fidel Castro à Cuba.

« M. Zuma est un mélange toxique et incorrigible de corruption, copinage et népotisme »

Le président Zuma, 74 ans, est embourbé dans les scandales. Il a notamment dû rembourser cette année près de 500 000 euros à l’Etat dans une affaire d’abus de biens sociaux liés à la rénovation de sa résidence privée de Nkandla. Une enquête officielle a aussi mis en lumière son étroite collusion avec une richissime famille d’hommes d’affaires, les Gupta.

Cette révolte au sein même de son parti est la plus grave que le président ait jusque-là connue. Ces dernières semaines déjà, de nombreuses figures historiques de la lutte contre l’apartheid, le président du groupe parlementaire de l’ANC, Jackson Mthembu, et des chefs d’entreprise ont publiquement réclamé son départ.

Le chef de l’Etat est « la manifestation la plus évidente de ce que l’ANC est devenue : un mélange toxique et incorrigible de corruption, copinage et népotisme », a dénoncé l’Alliance démocratique, le principal parti d’opposition.

Les ministres frondeurs ne seront pas sanctionnés, a précisé Gwede Mantashe. Selon la presse locale, la proposition de vote de défiance émanait du ministre du tourisme, Derek Hanekom, qui appartient à la minorité blanche.