Bolt, Farah, van Niekerk… Qui sera élu athlète de l’année ?
Bolt, Farah, van Niekerk… Qui sera élu athlète de l’année ?
Par Yann Bouchez
La Fédération internationale d’athlétisme dévoile vendredi soir les deux lauréats, dans les catégories masculine et féminine.
Comparaison n’est pas raison, mais la distinction est un peu à l’athlétisme ce que le Ballon d’or est au football. Chaque fin d’année depuis 1988, la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) distingue deux athlètes, un chez les hommes et une chez les femmes. Une star incontestée truste l’essentiel des distinctions, en l’occurrence Usain Bolt, qui possède autant de distinctions honorifiques (5) que Lionel Messi de Ballons d’or. Et le Jamaïcain n’a pas de Cristiano Ronaldo pour venir lui faire de l’ombre.
Comme dans le football, certaines catégories sont favorisées. Sur la piste, les coureurs - en sprint ou en demi-fond - aimantent les récompenses, comme les attaquants sur les prés. Et si vous êtes un/e lanceur/se - a fortiori de marteau -, vous n’avez quasiment aucune chance de toucher le Graal, à l’image des gardiens de foot.
Les ressemblances s’arrêtent là, alors que l’IAAF annoncera, vendredi 2 décembre dans la soirée, les lauréats parmi les 6 finalistes - 3 chez les hommes, 3 chez les femmes. Notamment en raison du système de vote, propice à donner des maux de tête. Les votes des 27 membres du Conseil de l’IAAF - sorte de gouvernement de la Fédération internationale - comptent dans 50 % du résultat final. La « famille de l’IAAF » - un concept un peu fourre-tout incluant des membres de fédérations nationales, des agents ou des « top athlètes » - représente un quart du vote. Et le public, en votant électroniquement, constitue les 25 % restant. Tour d’horizon des finalistes en cette année olympique, avant l’annonce des résultats.
HOMMES
- Wayde van Niekerk
Le Sud-Africain Wayde van Niekerk, le 14 août à Rio. | JEFF PACHOUD / AFP
Parti au couloir 8, « à l’aveugle », Wayde van Niekerk n’a pas souffert de ne pas pouvoir observer la concurrence, lors de la finale olympique du 400 m à Rio, dimanche 14 août. Sur la piste bleue du stade Engenhao, du départ jusqu’à l’arrivée, ses adversaires n’auront vu que le dos du Sud-Africain. Et les spectateurs, un chrono hallucinant s’afficher au terme du tour de piste : 43 s 03. Adieu le vieux record du monde de la distance (43 s 18), propriété de Michael Johnson depuis les Mondiaux de Séville, en 1999. « Je n’ai jamais rien vu de pareil, s’est extasié l’Américain au micro de la BBC. C’est fou. Il les a massacrés. »
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Durée : 02:05
Réduits au rang de spectateurs impuissants, le Grenadin Kirani James, champion olympique en 2012, et l’Américain LaShawn Merritt, sacré en 2008 aux Jeux de Pékin - et suspendu 21 mois en 2010 pour des contrôles positifs à un stéroïde anabolisant -, n’ont pu que s’incliner devant le nouveau maître de la distance. De quoi, presque, faire de l’ombre au nouveau sacre d’Usain Bolt sur 100 mètres, quelques minutes plus tard.
Champion du monde à Pékin, en 2015, van Niekerk améliore de 45 centièmes de seconde son record établi en Chine. Au printemps, il est venu s’entraîner en Jamaïque, notamment aux côtés de Bolt. Sa progression lors des dernières années est fulgurante : 45 s 09 en 2013, 44 s 38 en 2014, 43 s 48 en 2015. Et donc, en 2016, ce nouveau record. Avant sa performance à Rio, le Sud-Africain était déjà le seul sprinteur à avoir couru sous les barrières de 10 s au 100 m, de 20 s au 200 m et de 44 s au 400 m.
- Usain Bolt
Usain Bolt franchit la ligne d’arrivée du 200 m, le 18 août à Rio. | ODD ANDERSEN / AFP
Est-il vraiment nécessaire de faire les présentations ? A Rio, le taux de remplissage du stade était indexé sur la présence ou non de Bolt sur la piste. Auteur de son troisième triplé (100 m, 200 m, 4x100 m) en trois Jeux, le Jamaïcain a déjà annoncé qu’il ne ferait pas le voyage à Tokyo, en 2020. Les Mondiaux de Londres, en 2017, devraient être sa dernière grande compétition internationale.
A propos de sa performance à Rio, et de l’ensemble de sa carrière, Bolt ne s’est pas embarrassé de fausse modestie. « J’espère que j’ai mis la barre suffisamment haute pour que personne ne puisse le refaire, a-t-il expliqué au Brésil. J’ai prouvé que je suis le plus grand de ce sport. Pour moi, c’est mission accomplie. » Même s’il n’a pas battu de record du monde, son triplé pourrait lui valoir un sixième titre d’athlète de l’année.
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- Mo Farah
Mo Farah et ses deux médailles de Rio, le 20 août. | ERIC FEFERBERG / AFP
Le 10 000 m et le 5 000 m peuvent parfois endormir les spectateurs. Non pas seulement parce qu’il faut compter respectivement 25 et 12,5 tours avant de voir les coureurs franchir la ligne d’arrivée. Mais aussi parce que, depuis 2012, celui qui lève les bras à l’arrivée est toujours le même. C’est bien simple : depuis les Jeux de Londres, le Britannique Mo Farah n’a rien laissé échapper sur ces distances, que ce soit aux JO ou aux Mondiaux. A 33 ans, il a confirmé sa domination à Rio, avec un nouveau doublé.
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Son entraîneur, Alberto Salazar, a beau être empêtré dans des enquêtes sur d’éventuelles pratiques dopantes, Mo Farah continue d’avancer, comme si de rien n’était. Peu importe le poids des soupçons. Peu importe qu’en 2008, à 25 ans, il ne soit pas parvenu à se qualifier pour la finale du 5 000 mètres, ou qu’il n’ait fini « que » 6e des Mondiaux d’Osaka, en 2007, avant de distancer la concurrence dès qu’il a rejoint le groupe d’entraînement de Salazar. Sa consécration, certes tardive, lui permet d’afficher désormais quatre médailles d’or olympiques. Mais face aux ogres Bolt et van Niekerk, il est toutefois peu probable qu’il devienne le troisième Britannique à remporter la distinction, après le spécialiste des haies Colin Jackson (1993) et la marathonienne Paula Radcliffe (2002).
FEMMES
- Anita Wlodarczyk
La Polonaise Anita Wlodarczyk, en finale olympique, à Rio, le 15 août. | ADRIAN DENNIS / AFP
Voilà une potentielle pionnière. Si Anita Wlodarczyk remporte le trophée, elle serait la première représentante de Pologne à être récompensée. Surtout, ce serait la première fois que le lancer de marteau, tous sexes confondus, serait distingué. Chez les femmes, une lanceuse a bien été couronnée, en 2014, mais la Néo-Zélandaise Valerie Adams est spécialiste du poids.
Rio Replay: Women's Hammer Final
Durée : 15:20
Pour faire partie des trois nominées finalistes, la Polonaise s’est sacrément employée, dans une spécialité peu médiatisée. Elle a amélioré deux fois le record du monde cette année, à Rio le 15 août, puis à Varsovie à peine deux semaines plus tard. Sacrée aux Jeux avec presque six mètres d’écart par rapport à sa dauphine, championne d’Europe un peu plus tôt dans l’année, Anita Wlodarczyk a tout simplement écrasé la concurrence.
- Almaz Ayana
Almaz Ayana lors de la finale olympique du 10 000 m, à Rio. | FABRICE COFFRINI / AFP
Par la grâce de quelques milliers de foulées légères, Almaz Ayana a remonté le temps, vendredi 12 août. En finale du 10 000 m olympique, son chrono de 29 min 17 s 46 lui a permis de faire un bon de 13 ans en arrière et d’effacer des tablettes le record du monde de la Chinoise Wang Junxia (29 min 31 s 79). Une époque où les Chinoises carburaient, disait-on, au sang de tortue, avant de découvrir qu’elles ingurgitaient des produits un peu moins naturels.
La large victoire d’Ayana était prévisible : au cours de la saison, elle aura plus couru contre le chrono que contre ses adversaires, larguées. Probablement fatiguée par cette débauche d’énergie lors de la finale du 10 000 m, Ayana rate le doublé olympique et ne termine « que » troisième du 5 000 m, derrière les Kényanes Vivian Cheruiyot et Hellen Obiri.
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- Elaine Thompson
Elaine Thompson devance la Néerlandaise Dafne Schippers, lors de a finale du 200 m à Rio, le 17 août. | FRANCK FIFE / AFP
La Jamaïcaine n’a pas tout à fait réussi le même triplé qu’Usain Bolt. Mais ses deux médailles d’or (100 m, 200 m) et l’argent récolté lors du 4x100 m font d’elle la meilleure sprinteuse de l’année. D’autant plus qu’à seulement 24 ans, Thompson s’est permis de détrôner la double championne olympique du 100 m, sa compatriote Shelly-Ann Fraser-Price.
Rio 2016 / Athlétisme : Après le 100m, Thompson s’offre le doublé sur 200m !
Durée : 03:41
En zone mixte, cet endroit où les journalistes suent et se bousculent pour recueillir la parole des sportifs, Elaine Thompson a donné du fil à retordre à la presse, avec son débit de mitraillette, entrecoupé d’innombrables « I mean ». Qu’elle courre ou qu’elle parle, la Jamaïcaine est une fille pressée.