Kiefer Sutherland, de l’antiterrorisme à la Maison Blanche
Kiefer Sutherland, de l’antiterrorisme à la Maison Blanche
Par Mustapha Kessous (Cannes, envoyé spécial)
Rencontre avec l’acteur qui incarne, dans la série « Designated Survivor », un président des Etats-Unis totalement candide. Une réussite.
Designated Survivor - Official Trailer
Durée : 02:36
Même s’il n’a rien du milliardaire mégalomane marié à un ancien mannequin, Tom Kirkman est lui aussi président des Etats-Unis. Et lui aussi, tout comme le prochain (véritable) locataire de la Maison Blanche, il arrive au poste suprême avec une grande inexpérience politique. A croire que Designated Survivor, la nouvelle série de la chaîne américaine ABC, a été écrite en pensant très fort à Donald Trump!
Depuis le 21 septembre, Kiefer Sutherland incarne un commandant en chef muni d’une vision humaine et romantique de l’action publique. C’est au Marché international des programmes de communication (Mipcom), en octobre, que Le Monde a rencontré l’acteur à la renommée mondiale qui, après 24 heures chrono et son rôle de Jack Bauer, l’agent de la cellule antiterroriste (CTU) de Los Angeles, enregistre un nouveau succès avec cette série, disponible en France sur Netflix.
Kiefer Sutherland attends The 2016 Disney ABC Television Group TCA Summer Press Tour in Beverly Hills, California, on August 4, 2016. | VALERIE MACON / AFP
Histoire de ce thriller politique : alors que le président des Etats-Unis prononce son discours sur l’état de l’Union devant le Congrès, le Capitole explose, tuant plus de 1 000 personnes et décimant, au passage, l’exécutif américain. Seul l’anodin secrétaire au logement et au développement urbain, Tom Kirkman, échappe à l’attentat. Et pour cause : il est le « survivant désigné », comme le prévoit la Constitution – un membre du cabinet présidentiel devant être placé dans un lieu secret et sécurisé lors d’un important rassemblement gouvernemental pour assurer, en cas de catastrophe, la continuité du pouvoir. C’est ainsi que le plus insignifiant des ministres devient, dans l’urgence, le nouveau président des Etats-Unis. L’homme qui devra déjouer une sombre conspiration…
Après avoir passé une décennie à protéger le président dans 24 heures chrono, Kiefer Sutherland endosse – enfin – le rôle du commandant en chef, un rôle hautement symbolique, qui n’est cependant pas si éloigné du précédent. « Je ne me sens pas prisonnier de Jack Bauer, assure l’acteur. Même s’ils sont très différents, j’ai réalisé qu’il y avait de vraies similitudes entre ces deux personnages, que je n’avais pas prévues. Le président Tom Kirkman ne sait probablement pas comment charger une arme, et encore moins tirer ; mais comme Jack Bauer, il a un désir de servir son pays et de mener un combat qu’il sait ne pas pouvoir gagner. »
Revenir dans le monde de la télévision n’était pas forcément dans les projets de l’acteur. « 24 heures chrono, c’était neuf ans de ma vie, douze à quinze heures par jour, dix mois par an. Quand j’ai accepté 24, je ne savais pas tout cela ; avec Designated Survivor, j’étais tout à fait conscient de ce qui m’attendait. Ce fut une grande décision », confie Kiefer Sutherland, qui a le pressentiment d’être face à une série dont le potentiel pourrait le mener « durant les dix prochaines années ».
24 heures chrono - Saison 6 - Duel entre Jack et Fayed
Durée : 01:44
Jouer dans des séries conspirationnistes ne comporte-t-il pas le risque d’une superposition entre réalité et fiction dans l’esprit du public ? « C’est un challenge. La télévision a en effet une très grande responsabilité et influence la façon de penser des téléspectateurs. Il existe donc un risque, avance-t-il. Dans le film A Time to Kill, j’ai joué un raciste et beaucoup de gens ont cru que je l’étais parce qu’ils ne font pas la différence entre le rôle que vous décidez de jouer et ce que vous êtes réellement. C’est un peu effrayant. »
Pour Kiefer Sutherland, la télévision n’en demeure pas moins « le plus excitant des médias ». « Quand j’ai commencé à travailler, il y avait cinq studios qui faisaient cinquante à soixante films par an, souligne-t-il. Maintenant, il y en a à peine trois qui font quinze films par an, et si vous participez à l’un d’eux, il y a une forte chance que vous portiez des collants et une cape. »