Le smog de pollution dans lequel est plongé Paris est parti pour durer
Le smog de pollution dans lequel est plongé Paris est parti pour durer
Par Laetitia Van Eeckhout
Les conditions anticycloniques favorisent l’accumulation des polluants qui se retrouvent piégés dans une couche très mince au-dessus du sol.
La Défense plongée dans la pollution, le 5 décembre. | FRANCK FIFE / AFP
La circulation alternée a été reconduite mercredi 7 décembre à Paris et sa banlieue. En dépit d’une nouvelle accalmie prévue le week-end prochain, le smog de pollution dans lequel est plongée l’agglomération parisienne depuis une semaine n’est pas prêt de se dissiper. Lyon, l’Ouest de l’Ain et la vallée du Rhône sont également touchés.
Selon les météorologues, des conditions anticycloniques sont durablement installées sur le pays, et même une large partie de l’Europe de l’Ouest. Or cet anticyclone entraîne la stabilité des masses d’air et favorise l’accumulation des polluants près, et même très près, du sol.
La faiblesse du vent, 5 à 6 km/heure tout au plus, provoque, en soirée et tôt le matin, une accumulation des particules fines émises par le trafic routier, certaines installations industrielles mais aussi, en cette période hivernale, le chauffage et en particulier le chauffage au bois.
Les polluants piégés sous un couvercle d’air chaud
Le pic de pollution est en outre favorisé, comme fréquemment en hiver, par un phénomène d’inversion de température. En situation normale, la température se rafraîchit avec l’altitude. Mais actuellement, le matin et le soir, l’air à proximité du sol est plus froid que celui de l’atmosphère qui se réchauffe avec le soleil. Les polluants se trouvent du coup piégés sous un couvercle d’air chaud et ne peuvent plus s’élever et se disperser.
Mais cette fois, ils peuvent d’autant moins se disperser qu’ils sont confinés dans une couche très mince au-dessus du sol. « En temps normal, lorsqu’il se produit un phénomène d’inversion de température, la couche limite d’inversion se situe à 1 500 mètres au-dessus du sol. Or là elle est à 100 mètres au-dessus du sol, explique François Jobard, prévisionniste à Météo France. Du haut de la tour Eiffel, on la domine. »
Ainsi mardi matin, on avait une différence de température entre le sommet de la « dame de fer » et le sol, de 6 à 10 °C ! Tandis qu’il faisait 8 °C à la pointe du célèbre monument (324 mètres), à deux mètres du sol, il faisait – 2 °C en banlieue parisienne, et 2 °C dans la capitale.
Un niveau observé en hiver que deux fois en dix ans
L’anticyclone étant persistant, les polluants, piégés dans une couche très mince, s’accumulent et les concentrations augmentent. Ainsi la semaine dernière la concentration en particules fines a dépassé le seuil d’information (50 microgrammes par mètre cube – µg/m3) le mercredi, et dès le jeudi, le seuil d’alerte (80 µg/m3), allant jusqu’à atteindre ce jour-là 146 µg/m3 en moyenne dans l’agglomération.
Un tel niveau n’a guère été observé l’hiver que deux fois au cours des dix dernières années, en janvier 2009 et en décembre 2007, souligne Airparif, l’observatoire de la qualité de l’air en Ile-de-France.
L’épisode actuel devrait se prolonger : aucune amélioration des conditions météorologiques n’est prévue avant jeudi au minimum. « La couche limite d’inversion de température devrait rester très basse encore plusieurs jours, souligne François Jobard. Une petite perturbation, avec un léger renforcement du vent, va passer sur le Nord de la France le week-end prochain et permettra de réduire, temporairement, les niveaux de pollutions observés. Mais après, la météo devrait repartir pour une quinzaine de jours sur un temps sec et peu venteux. » Et le prévisionniste d’insister : « Nous sommes vraiment face à un anticyclone, avec certes quelques faiblesses, mais qui se régénère sans cesse. »