Incertitudes sur la mort d’un joggeur dans une zone d’algues vertes en Bretagne
Incertitudes sur la mort d’un joggeur dans une zone d’algues vertes en Bretagne
Le Monde.fr avec AFP
Les résultats de l’autopsie et des analyses toxicologiques ne permettent pas de déterminer « clairement » les causes de la mort du coureur de 50 ans, au début de septembre.
Inoffensives quand elles sont fraîches, les algues vertes dégagent en se décomposant de l’hydrogène sulfuré (H2S), dont les émanations à doses élevées peuvent entraîner la mort. | Fred Tanneau / AFP
Les résultats de l’autopsie et des analyses toxicologiques ne permettent pas de déterminer « clairement » les causes de la mort d’un coureur, au début de septembre à l’embouchure du Gouessant (Côtes-d’Armor), a affirmé vendredi 9 décembre Bertrand Leclerc, procureur de la République de Saint-Brieuc.
« En l’état des résultats de l’autopsie et des analyses anatomopathologiques, sans possibilité d’analyse toxicologique fiable, les causes de la mort ne peuvent être clairement déterminées. »
Sportif et habitué des lieux, le joggeur de 50 ans a été retrouvé mort le 8 septembre dans un secteur où des sédiments d’algues vertes se mêlent à la vase. Inoffensives quand elles sont fraîches, les algues vertes dégagent en se décomposant de l’hydrogène sulfuré (H2S), dont les émanations à doses élevées peuvent entraîner la mort.
Quantités mortelles
« L’aspect des poumons est compatible avec une asphyxie œdémateuse orientant vers une cause d’origine centrale, qui peut survenir tant sous l’effet de toxiques, dont l’H2S, que d’une privation brutale d’oxygène résultant d’un arrêt cardiaque », poursuit le procureur.
« L’éventuelle intoxication à l’hydrogène sulfuré est évoquée comme hypothèse en seule considération du milieu de découverte du corps : zones de vasières dont certaines portions dégagent, dans certaines conditions d’enlisement, des quantités toxiques voire mortelles de ce gaz », écrit le magistrat, qui souligne que la position de la victime « évoque un décès brutal ».
« Les analyses des vases et les mesures d’émanations de gaz ont révélé (…) en certains endroits, lorsque ces boues sont remuées, des émanations de ce gaz à des niveaux pouvant atteindre rapidement plus de 1 000 ppm [partie par million] », écrit encore le procureur Leclerc. Au-dessus de 500 ppm, selon les scientifiques, une rapide perte de connaissance, accompagnée de troubles respiratoires, se produit, pouvant aller jusqu’à la mort si l’exposition au H2S n’est pas interrompue.
« La toxicité ainsi révélée des vasières du Gouessant paraissant constituer un risque réel pour la santé publique, le procureur de la République a transmis ces éléments au préfet des Côtes-d’Armor », poursuit-il.