Le président des Philippines, Rodrigo Duterte, lors d’une conférence de presse le 17 décembre 2016. | MANMAN DEJETO / AFP

On savait qu’il voulait rétablir la peine de mort, le président philippin, Rodrigo Duterte, envisage désormais de mettre en place un quota quotidien d’exécutions capitales. « Il y avait bien la peine de mort avant, mais rien ne se passait », a-t-il affirmé samedi 17 décembre. « Donnez-la-moi et je l’appliquerai chaque jour à cinq ou six criminels ! »

Alors que la peine capitale a été abolie dans l’archipel en 2006 après un intense lobbying de l’Eglise, le père Jerome Secillano, de la Conférence des évêques catholiques philippins, s’est inquiété des déclarations du chef de l’Etat. « Les Philippines seraient considérées comme un pays barbare [et] deviendraient la capitale mondiale de la peine de mort », a-t-il déclaré à l’Agence France-Presse (AFP). Le catholicisme est la religion de 80 % des Philippins.

Rodrigo Duterte, connu pour son langage cru, crée régulièrement la controverse pour ses sorties-chocs, obligeant ses conseillers à de savants rétropédalages. Il est la cible de nombreuses critiques pour sa campagne sanglante contre le trafic de drogue et sa « guerre contre le crime », qui a fait plus de 5 300 morts depuis son arrivée au pouvoir à la fin de juin.

Un vote en janvier

Le haut-commissaire de l’ONU chargé des droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al-Hussein, a affirmé dans une lettre aux parlementaires que les Philippines violeraient leurs obligations internationales si elles rétablissaient la peine de mort. « Mettre un quota pour les exécutions, c’en est trop », a réagi de son côté auprès de l’AFP Romeo Cabarde, vice-président d’Amnesty International aux Philippines. « C’en est trop car nous parlons de vies humaines. »

M. Duterte avait largement remporté la présidentielle de mai après une campagne sécuritaire outrancière pendant laquelle il a promis de faire abattre des dizaines de milliers de trafiquants de drogue. Il avait également promis de combler les lacunes existant, selon lui, dans le système judiciaire et de rétablir la peine de mort. Un vote à la Chambre des représentants devrait avoir lieu en janvier.

Philippines : le président Rodrigo Duterte affirme avoir tué des criminels pour montrer l’exemple
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