TV : « Chelsea », le talk-show qui s’autorise une entière liberté de ton et de propos
TV : « Chelsea », le talk-show qui s’autorise une entière liberté de ton et de propos
Par Renaud Machart
Notre choix du soir. Tandis que débarque ce soir sur M6, l’adaptation française du « Saturday Night Live », Netflix propose quatre-vingt-dix épisodes de l’émission américaine « Chelsea ».
Priyanka Chopra (Full Interview) | Chelsea | Netflix
Durée : 06:55
Lancé en mai 2016, le talk-show « Chelsea » a clôturé sa première saison, le 16 décembre 2016, sur Netflix, après quatre-vingt-dix épisodes dont nous avons visionné une grande partie. Ils sont disponibles, en version originale sous-titrée, dans 190 pays où le service de vidéo à la demande par souscription est accessible.
Produites et menées par Chelsea Handler, comique de stand-up, actrice, auteure, productrice et animatrice américaine, ces émissions trihebdomadaires de quelque trente minutes en moyenne – diffusées les mercredis, jeudi et vendredis, quarante-huit heures après leur enregistrement – sont filmées dans les conditions du direct et en public. En cela, « Chelsea » ressemble à beaucoup d’autres talk-shows de soirée nord-américains.
Mais ce qui le distingue est l’entière liberté de ton et de propos qui y règne. On la mesure à la joie incrédule qu’ont certains invités à pouvoir dire des gros mots, d’ordinaire bipés dans les autres talk-shows. On se souvient du grabuge créé par le comédien Tom Hanks en 2012, lors d’une émission matinale ultrapopulaire, « Good Morning America », sur ABC, qui avait feint d’oublier qu’il était interdit de dire « fuck » ou « fucking » (équivalent de notre « putain de… ») à la télévision.
Sur le plateau de « Chelsea », tout est dicible en vertu du sacro-saint premier amendement de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique et des vertus libertaires d’Internet. Et l’animatrice n’y va pas par quatre chemins pour en user et même en abuser. Ainsi n’hésite-t-elle pas à qualifier Donald Trump ou le livre In Trump we Trust, d’Ann Coulter, paru en août 2016, en termes carrément scatologiques.
La saison 1 de « Chelsea » a ceci d’intéressant qu’elle permet de jauger la montée progressive du milliardaire candidat à la primaire du parti républicain jusqu’à son élection. Si Chelsea Handler ne cache pas qu’elle roule pour Hillary Clinton, elle ne retient pas ses flèches trempées dans le vitriol contre la candidate démocrate.
Convives inattendus
Mais, au cours de dîners filmés, qu’elle organise le plus souvent dans sa propriété de Bel Air, à Los Angeles, Chelsea Handler réunit parfois des convives inattendus, comme, au cours de l’épisode 49, deux femmes républicaines, dont l’une est contre l’avortement et l’autre afro-américaine. Mais aucune des deux ne votera pour Trump, qu’elles exècrent…
Cependant, dans l’épisode 31, d’anciens candidats à l’émission de télé-réalité de Donald Trump, « The Celebrity Apprentice », racontent qu’il peut aussi se révéler charmant et courtois en coulisses.
Los Angeles, California May 10 Chelsea Handler Talk Show in Los Angeles on May 10, 2016. Guests include Gwyneth Paltrow, Tony Hale and Chris Anderson (Photo by Adam Rose/Netflix) | Adam Rose/Netflix
On retrouve parmi les invités de nombreux acteurs, souvent « en promo » mais aussi venus défendre des causes (Patricia Arquette, ép. 51, Sally Field, ép. 83, Susan Sarandon, ép. 86).
Le propos est libre, souvent hilarant et irrévérencieux. Dès qu’elle le peut, Chelsea Handler rappelle qu’elle aime l’alcool, les stupéfiants (avec essais filmés, parfois en compagnie de son équipe, afin de constater si oui ou non, ils aident à leurs performances – la réponse est non)…
Plus le sujet est grave, moins Chelsea renonce à son humour. Mais elle le module de manière subtile, comme on peut le voir, par exemple, dans l’épisode 72, où elle s’entretient avec son amie l’actrice Shannen Doherty, atteinte du cancer. Car c’est par son intelligence que Chelsea Handler fait de « Chelsea » un rendez-vous dont on ne sort pas seulement diverti mais, souvent, nourri.