Le poker ne représente pas le même défi pour une machine que les échecs ou le go. | DENIS CHARLET / AFP

L’affrontement a commencé mercredi 11 janvier à Pittsburgh, aux Etats-Unis, et devrait se poursuivre jusqu’au 30. Libratus, un programme d’intelligence artificielle (IA) développé par l’université américaine Carnegie Mellon, a pour défi de battre quatre joueurs professionnels de poker. Ou plus exactement d’une version dérivée du poker, le « heads-up no limit texas hold’em », qui se joue à un contre un.

Deux cent mille dollars sont en jeu, et le tournoi est à suivre en direct sur la plate-forme Twitch, plus connue pour retransmettre en live des parties de jeux vidéo que de jeux de cartes. Entre 17 heures, heure française, et 1 heure du matin, quatre des meilleurs joueurs mondiaux de cette variante de poker tenteront de faire échouer le programme.

« Il joue comme un martien »

Lors du premier « Brain vs AI poker tournament », en 2015, le programme, nommé Claudico avait perdu face à ses adversaires humains. Mais pour cette deuxième édition, la nouvelle intelligence artificielle développée par Carnegie Mellon, déjà à l’origine de Claudico, est bien plus poussée, assurent les chercheurs qui l’ont développée. L’un d’entre eux, Tuomas Sandholm, a expliqué au site spécialisé Mashable que la façon de jouer de Libratus était « très différente de celle des humains ». « Il joue comme un martien », a-t-il poursuivi.

L’an dernier, le programme AlphaGo, développé par Google DeepMind, avait réussi l’exploit de battre un des meilleurs joueurs de go au monde. Mais le poker est un jeu très différent à appréhender pour un programme informatique que le go ou encore les échecs, dans lesquels l’IA domine désormais l’humain. Car au poker, la machine ne dispose pas de toutes les données : elle ne connaît par exemple pas la main de l’adversaire. Le poker est un jeu qui inclut aussi des éléments très humains comme le bluff, difficiles à appréhender pour un ordinateur.

D’autres programmes d’intelligence artificielle se sont déjà essayés à différentes versions du poker, avec un certain succès. Comme Polaris, développé par l’université canadienne d’Alberta qui, en 2008, avait battu des humains. Ou encore Cepheus, créé par la même université, qui a publié en 2015 un article de recherche faisant état de performances impressionnantes. Mais ces programmes se concentrent surtout sur les parties ne les opposant qu’à un adversaire.