Union européenne, Allemagne, OTAN… les dirigeants européens perplexes face aux critiques de Trump
Union européenne, Allemagne, OTAN… les dirigeants européens perplexes face aux critiques de Trump
Le Monde.fr avec AFP
Au cours d’une interview publiée lundi dans les quotidiens conservateurs « Bild » et « The Times », le futur président des Etats-Unis a entre autres critiqué la politique européenne et s’est félicité du Brexit.
Le président élu Donald Trump, le 13 janvier 2017. | EVAN VUCCI / AP
Quelques jours avant son investiture, prévue vendredi 20 janvier, Donald Trump a accordé un entretien lundi à deux quotidiens conservateurs, l’allemand Bild et le britannique The Times, provoquant de nombreuses réactions en Europe.
Le futur président américain reproche notamment à Angela Merkel « une erreur catastrophique » sur l’accueil des migrants, trouve que l’OTAN est « obsolète » et se félicite du « succès » du Brexit. Si ces déclarations ont déclenché de vives critiques en France et en Allemagne, le Royaume-Uni se réjouit des propositions avancées par le futur président des Etats-Unis.
- Londres se félicite de la proposition d’accord commercial de M. Trump
« Je suis un grand fan des Britanniques », « Le Brexit va se révéler être une chose géniale ». Au cours de cet entretien, le futur président américain s’est montré dithyrambique envers le Royaume-Uni, vieil allié des Etats-Unis. Il s’est ensuite dit impatient de rencontrer la première ministre britannique Theresa May, afin de conclure un accord commercial « rapidement et dans les règles » entre les deux pays.
Une annonce qui a ravi le gouvernement britannique. Le ministre des affaires étrangères britannique, Boris Johnson, a ainsi qualifié de « très bonne nouvelle » la proposition de M. Trump. Il a néanmoins prévenu que cet accord devait être « clairement dans l’intérêt des deux parties ». Mais le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, s’est montré plus perplexe face à la conclusion d’un accord rapide entre les deux pays.
« Le Royaume-Uni pour l’heure est encore un pays membre de l’Union européenne. Mme May n’a pas encore utilisé l’article 50, qui déclenche les négociations. Et vous savez que les négociations dureront ensuite deux ans », a-t-il fait savoir. En attendant, « il ne peut y avoir d’accord de libre-échange qui soit conclu avec un pays membre de l’UE », a poursuivi M. Moscovici.
- Jean-Marc Ayrault demande « l’unité des Européens »
Durant cet entretien à Bild et au Times, Donald Trump s’en est également pris aux institutions européennes et a prédit d’autres sorties de pays de l’Union européenne dans la foulée du Brexit. D’après le futur président états-unien, l’UE « c’est, en gros, un instrument pour l’Allemagne. C’est la raison pour laquelle je pense que la Grande-Bretagne a eu bien raison d’en sortir ».
Face à ces provocations, le ministre des affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault, a affirmé lundi que « la meilleure réponse à l’interview du président américain, c’est l’unité des Européens », c’est de « faire bloc ». « Les déclarations de M. Trump interpellent, c’est pourquoi j’attends avec impatience que le secrétaire d’Etat américain qui va succéder à John Kerry, Rex Tillerson, puisse prendre rapidement ses fonctions pour que je le rencontre, pour qu’on puisse discuter de tous les points importants », a-t-il poursuivi à son arrivée à une réunion de l’UE à Bruxelles.
De son côté, le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, a jugé que « faire preuve d’un peu d’assurance nous ferait du bien dans une telle situation ». « L’Europe, dans la phase actuelle où nous sommes affaiblis, doit se ressaisir, elle doit agir avec assurance et défendre ses propres intérêts », a-t-il déclaré au quotidien Bild.
Le ministre allemand de l’économie et chef des sociaux-démocrates a également évoqué les conséquences que pourrait avoir un possible rapprochement entre Washington et Moscou, au détriment de l’UE : « Nous voyons tous avec un peu d’inquiétude que Trump et Poutine s’entendent sur toutes les mauvaises questions. Mais d’un autre côté il faut dire qu’une confrontation moins forte entre les Etats-Unis et la Russie serait quelque chose de judicieux. »
- L’OTAN a une « confiance absolue » dans l’engagement des Etats-Unis
Autre institution dans le viseur de Donald Trump, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN). Pour le président élu des Etats-Unis, l’organisation transatlantique est « obsolète ».
« Les déclarations du président élu Trump (…) ont été reçues avec inquiétude », a reconnu lundi le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier. Sollicitée par l’Agence France-Presse pour réagir à la dernière déclaration de M. Trump, l’OTAN a renvoyé sans autre commentaire à la déclaration du secrétaire général de l’organisation, Jens Stoltenberg, au début de décembre.
Ce dernier avait notamment annoncé être « absolument confiant dans le fait que les Etats-Unis vont conserver leur engagement fort dans l’OTAN, dans le lien transatlantique et les garanties de sécurité pour l’Europe ».