TV : Le souffle des chevaux sous haute tension
TV : Le souffle des chevaux sous haute tension
A voir aussi ce soir. Un conte tragique qui oscille entre contemplation et critique sociale (sur France 4 à 23 h 55).
Le Géant égoïste ( the selfish giant ) de Clio Barnard trailer VO non soustitré - En Salle le 18 déc
Durée : 02:02
La nuit, le long d’un chemin de fer, des silhouettes enfantines s’affairent autour des rails. Un train approche, on pose un câble sur la voie, les roues de la locomotive le sectionnent. Des hommes déboulent, poursuivent les gamins, qui sautent sur un cheval et disparaissent.
Tout en tension, cette belle scène qui ouvre Le Géant égoïste, premier film de fiction de la Britannique Clio Barnard, en rappelle une autre, filmée par Gus Van Sant dans Paranoid Park (2007), qui faisait basculer dans la tragédie le quotidien d’un jeune skateur.
Un bel instinct de conteuse
Nous ne sommes pas à Portland (Etats-Unis), mais dans les paysages semi-urbains du nord de l’Angleterre, aux environs de Bradford, où le chômage entretient une pauvreté endémique. Les enfants ne se déplacent pas en skate, mais à cheval. C’est plus pratique pour trimballer de la ferraille.
Petit blond rebelle, Arbor protège son ami Swifty de ceux qui l’agressent à l’école, et l’entraîne dans ses expéditions nocturnes en quête de câbles ou de carcasses de voitures. Arbor et Swifty ont 12 ans et se voudraient déjà des hommes. Du jour où ils sont exclus de l’école, ils se rapprochent du ferrailleur, versé par ailleurs dans les courses clandestines de chevaux.
Conner CHAPMAN (Arbor) | Pyramide Distribution
Le Géant égoïste révèle chez Clio Barnard – cinéaste issue du cinéma expérimental – un bel instinct de conteuse. Avec une économie narrative serrée, un montage fluide, elle imprime un rythme si maîtrisé à son film qu’elle se permet de le suspendre dans des moments de stase, de contemplation inquiète du paysage.
Car raconter une histoire, pour elle, c’est d’abord regarder les paysages. En révéler la richesse, l’hétérogénéité, l’étrangeté. Alterner des plans bucoliques avec des vues de centrale nucléaire, dont la géométrie noire renvoie aux photos du paysage industriel des Allemands Bernd et Hilla Becher… Et inscrire les corps des acteurs, leurs visages, dans ces décors vibrants…
C’est de cette alchimie que jaillit le récit. L’idée du Géant égoïste est née du précédent film de l’auteure, The Arbor (2010), un documentaire tourné parmi les ferrailleurs de Bradford. Mais le film ne se passe pas pour autant de scénario. Cette histoire d’amitié est au contraire écrite comme une tragédie, avançant tout droit vers son terrible point de rupture.
Le Géant égoïste, de Clio Barnard. Avec Conner Chapman, Shaun Thomas (GB, 2013, 91 min).