CAN 2017 : Moussa Marega, l’Aigle qui doit faire s’envoler le Mali
CAN 2017 : Moussa Marega, l’Aigle qui doit faire s’envoler le Mali
Par Alexis Billebault (contributeur Le Monde Afrique)
Les Maliens comptent sur leur attaquant vedette pour se hisser en quarts de finale de la compétition, ce soir face à l’Ouganda.
Depuis le début de la CAN, Moussa Marega, âgé de 25 ans, est resté muet. Et le Mali, qui doit battre l’Ouganda mercredi 25 janvier tout en espérant que l’Egypte s’incline contre le Ghana, va devoir compter sur son attaquant pour espérer atteindre les quarts de finale. Elu homme du match face à l’Egypte (0-0, le 17 janvier), guère en réussite quatre jours plus tard contre le Ghana (1-0), le buteur du Vitoria Guimaraes (Portugal), né aux Ulis, dans l’Essonne, s’est bâti une solide réputation. Grâce à son efficacité en club avec dix buts cette saison, mais aussi parce que son parcours est assez éloigné des trajectoires habituelles.
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Durée : 01:40
Moussa Marega parvient à faire parler de lui alors qu’il est d’une discrétion absolue. « Quand il aperçoit des journalistes après les entraînements et les matchs, il préfère les éviter, confirme Alain Giresse, le sélectionneur des Aigles maliens. En revanche, dans le groupe, c’est quelqu’un qui communique normalement, qui est à l’aise. » Fouad Mabrouk, qui l’a connu au FC Evry, a plusieurs fois essayé de le convaincre de s’ouvrir un peu plus à la presse : « Il n’a pas envie. Je lui ai dit que nous sommes dans un monde de communication, mais, pour l’instant, c’est non. Il veut se concentrer uniquement sur ses matchs. »
Ses premiers pas
Fouad Mabrouk, ancien joueur puis entraîneur à Evry et aujourd’hui formateur pour le district de l’Essonne, se souvient des premiers pas de Moussa Marega dans le principal club du département. « Il vient d’une famille nombreuse, très modeste. Il est arrivé avec sa mère dans le quartier des Aunettes, où j’ai grandi. Il a rejoint le club à 14 ans, et j’ai alors vu qu’il avait des qualités », explique l’éducateur à propos du jeune Franco-Malien, qui évolue à plusieurs postes.
Dans un quartier réputé sensible, Fouad Mabrouk propose au jeune joueur de travailler quelques heures par mois pour l’école de foot du club. « Il avait besoin de gagner un peu d’argent, se souvient le coach. Et, dans ce quartier, il y a des fréquentations à éviter. Je lui ai proposé d’entraîner les débutants. Il était patient, pédagogue et bosseur. » A peine majeur, le désormais attaquant commence à évoluer avec l’équipe A (division d’honneur), avant de rejoindre Le Poiré-sur-Vie, en Vendée, alors en national (2012-2013), puis Amiens, qui évolue également au troisième niveau français.
Sa carrière prend véritablement son envol en 2015, après un passage de six mois à l’Espérance de Tunis, où il ne peut pas évoluer en championnat à cause d’un problème administratif. « Je crois que son transfert à Maritimo Funchal lui a fait franchir un palier. Au Portugal, Moussa a beaucoup appris tactiquement ainsi qu’à gérer son effort. Il a marqué des buts dans un bon championnat européen et cela lui a donné confiance », raconte l’international malien Ousseynou Cissé (Tours FC, ligue 2), non retenu pour la CAN. « Quand un club comme le FC Porto met une somme d’argent assez élevée [3,5 millions d’euros] pour le recruter, cela signifie quelque chose. Même s’il y a peu joué et que Porto l’a prêté à Guimaraes. » En 2015, Alain Giresse appelle pour la première fois en sélection du Mali cet attaquant « généreux, athlétique qui, certes, n’est pas passé par un centre de formation, mais s’est vite adapté au football professionnel ».
« Un des meilleurs attaquants africains »
Ousseynou Cissé, qui voit en lui « un joueur capable de faire partie des meilleurs attaquants africains » le dit prêt pour évoluer « au FC Porto, avec qui il est sous contrat, ou dans un gros club français ou européen ». Moussa Marega, qui revient régulièrement à Evry pour y voir sa famille et ses proches, n’a pas vraiment changé malgré son statut. « Il est toujours aussi travailleur, assure Fouad Mabrouk. Quand il est là, il m’appelle régulièrement pour savoir si je peux aller courir avec lui. Il lui arrive aussi de participer à des matchs de quartier avec ses potes. Il sait d’où il vient, il est resté humble et discret… Et, dans le quartier des Aunettes où il y a beaucoup de Maliens, on est très fiers qu’il joue pour les Aigles. » Ce soir, toute la communauté aura le regard figé sur lui.