« La pauvreté a plutôt régressé » : Manuel Valls enjolive son bilan
« La pauvreté a plutôt régressé » : Manuel Valls enjolive son bilan
Par Les Décodeurs
Les dernières estimations du taux de pauvreté contredisent l’affirmation du candidat à la primaire à gauche.
Invité de la matinale de France Inter, mercredi 25 janvier, l’ancien premier ministre Manuel Valls, alors candidat à la primaire de la gauche, tentait de défendre son bilan, en affirmant qu’il fallait « être fier de ce qui a[vait] été fait » durant le quinquennat, en particulier en matière sociale, dans des « temps très difficiles ».
CE QU’IL A DIT
Manuel Valls, qui affrontera Benoît Hamon dimanche 29 janvier lors du deuxième tour de la primaire, a affirmé que la pauvreté avait « plutôt régressé » depuis que la gauche est au pouvoir :
« Il n’y a pas eu une politique d’austérité. Quand on dit cela, évidemment, ceux qui sont en difficulté, ceux qui sont au chômage, ceux qui sont dans la précarité ne l’entendent pas, y compris quand on dit que la pauvreté a plutôt régressé, mais il y a toujours 14 % de personnes, plusieurs millions de personnes qui sont en difficulté. »
C’EST EN PARTIE FAUX
Quand il parle de 14 % de pauvres, l’ancien premier ministre a raison sur l’ordre de grandeur. L’indicateur de pauvreté monétaire calculé par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) s’élevait en effet à 14,1 % en 2014. Il s’agit de la proportion d’individus dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du revenu médian, soit 1 008 euros en 2014.
En revanche, Manuel Valls a tort lorsqu’il dit que la pauvreté a régressé depuis le début du quinquennat. En réalité, cet indicateur a baissé assez nettement entre 2012 et 2013, passant de 14,3 % à 14 % de la population, pour repartir ensuite à la hausse : 14,1 % en 2014 et 14,3 % en 2015, soit le même niveau qu’au début du quinquennat.
Le taux de pauvreté en 2015 reste toutefois une estimation, car l’Insee ne dispose des données définitives qu’avec deux ans de décalage. Pour mieux mesurer les effets des politiques publiques, les statisticiens ont expérimenté une méthode de calcul par « microsimulation » à partir d’un échantillon de ménages.
Les données de l’Insee pour 2016 ne seront connues qu’en 2018, avec une première estimation fin 2017 : ce n’est qu’à ce moment que l’on pourra apprécier pleinement les effets de la politique de M. Valls, premier ministre entre mars 2014 et décembre 2016.
Difficile de comparer les quinquennats de François Hollande et de Nicolas Sarkozy, car les méthodes de calculs du taux de pauvreté ont été modifiées en 2012. On peut toutefois noter que cet indicateur s’est stabilisé depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir alors qu’il avait fortement augmenté sous la présidence de M. Sarkozy, en répercussion de la crise financière mondiale.