La présidente du FN s’est déplacée dans le Nord pour tenter de convaincre l’électorat des séniors. | FRANCOIS LO PRESTI / AFP

A Denain (Nord), l’espérance de vie pour un homme ou une femme n’est que de 58 ans. C’est dans cette ville que Sébastien Chenu, un des dirigeants de la campagne présidentielle de Marine Le Pen, ancien élu UMP de l’Oise, a choisi de se présenter aux élections législatives de juin. Il n’a pas encore annoncé la nouvelle, mais Régine Andris, un châle floqué de la flamme du Front national posé sur les épaules, confirme qu’elle sera sa suppléante. Elle tient même ouverte, depuis deux semaines, la toute nouvelle permanence du parti d’extrême droite, « le mardi matin, le jeudi après-midi et le samedi matin ». Le FN a obtenu 47,68 % des voix de la commune au premier tour des élections régionales de 2015. Aux précédentes législatives, le parti n’avait pas présenté de candidat.

C’est aussi là, dans le bar de quartier Chez l’Zeph – Chez Joseph, en ch’ti – que Marine Le Pen a choisi de venir parler de santé et des seniors. Ou plutôt aux seniors. Le parti cofondé par Jean-Marie Le Pen souffre d’un retard chronique dans cet électorat, que l’on dit rétif au changement. Par exemple, changer de monnaie : la sortie de l’euro reste une mesure phare de la candidate frontiste. Selon un sondage IFOP, publié le 11 janvier, Marine Le Pen n’obtiendrait que 14 % des suffrages des 65 ans et plus à la prochaine présidentielle, contre 42 % pour le candidat du parti Les Républicains, François Fillon, et 16 % pour Emmanuel Macron (En marche !). La députée européenne a donc choisi de les prévenir (les seniors) des projets d’« augmentation de la TVA de l’un » (M. Fillon) et « d’augmentation de la CSG de l’autre » (M. Macron), qui vont faire s’« effondrer le pouvoir d’achat ».

Visite dans un établissement pour personnes âgées

Surtout, elle s’est efforcée de se présenter comme la plus à même de défendre les « 1,5 million de personnes âgées dépendantes ». « La grandeur d’un pays, c’est la manière dont il traite les plus faibles, a-t-elle dit lors d’une conférence de presse. On ne peut pas dire que la France ait des raisons d’être fière. » Quelques minutes plus tôt, la présidente du FN avait visité – sans la presse – un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) dans la cité voisine de Bouchain. « C’était un régal, s’enthousiasme Jocelyne Montesi, présidente du collectif Seniors du FN, qui l’accompagnait dans sa visite. Cet EHPAD est fantastique, c’est l’EHPAD du futur. On a envie de vieillir. » A Bouchain, au moins, les choses se passent bien.

Mais Marine Le Pen s’alarme du fait qu’au niveau national « on n’a jamais vu le commencement » du financement public de la dépendance, dont elle veut faire, elle, le cinquième pilier de la Sécurité sociale. Et la députée européenne d’égrener ses solutions pour financer les 7,2 milliards d’euros qui restent aujourd’hui « à charge pour les familles » dont les parents se trouvent dans cette situation : « simplification administrative », « suppression des régions », « réduction du train de vie des départements », « lutte contre la fraude ». Les vingt propositions préparées par le collectif Seniors n’ont, elles, pas été présentées.

Interrogée sur la question de la sécurité à Denain, la candidate a par ailleurs trouvé un coupable tout désigné. « Il y a un problème, je crois, parce qu’il y a mille Roms sur la ville, voilà ! », a-t-elle affirmé tout de go, faisant un parallèle avec la situation à Calais et appelant à la maîtrise des frontières nationales. Cette fois, il n’y a pas que les seniors qui étaient visés.