Bande dessinée : les Belges Éric Lambé et Philippe de Pierpont reçoivent le Fauve d’or d’Angoulême
Bande dessinée : les Belges Éric Lambé et Philippe de Pierpont reçoivent le Fauve d’or d’Angoulême
Par Frédéric Potet (Angoulême, envoyé spécial)
Le Festival international d’Angoulême consacre la bande dessinée avant-gardiste en attribuant le prix du meilleur album de l’année écoulée à « Paysage après la bataille ».
« Paysage après la bataille » (Actes Sud/Frémok), d’Eric Lambé et Philippe de Pierpont
Les années se suivent et se ressemblent un peu au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Un an après l’attribution du Fauve d’or à Ici (Gallimard) de l’Américain Richard McGuire - un ouvrage de 300 pages racontant l’histoire de l’humanité depuis un seul et unique point de vue : le salon de la maison où l’auteur a grandi – le jury du plus important salon européen consacré au 9e art a désigné un autre ouvrage « avant-gardiste » à son palmarès du meilleur album, ce samedi 28 janvier : Paysage après la bataille (Actes Sud/Frémok), des Belges Eric Lambé (dessin) et Philippe de Pierpont (scénario).
« Paysage après la bataille » (Actes Sud/Frémok), d’Eric Lambé et Philippe de Pierpont
Ce récit de 420 pages est une tentative audacieuse de retranscrire le travail de deuil en bande dessinée. Il raconte la douleur endurée par une mère ayant perdu son enfant à la suite d’un accident. Fanny va trouver refuge dans un camping de caravanes et de mobile-homes où, malgré l’hiver qui s’installe, vivent encore quelques résidants, comme un couple de retraités ou un ancien boxeur désespéré. La jeune femme va tenter de se reconstruire au milieu de paysages bientôt dominés par la neige et la solitude.
« Paysage après la bataille » (Actes Sud/Frémok), d’Eric Lambé et Philippe de Pierpont
Construit sur un rythme lent, économe en couleurs et en paroles, ce récit d’une profonde mélancolie explore les potentialités narratives de la bande dessinée en flirtant graphiquement avec l’abstraction et le minimalisme, seuls vecteurs possibles pour exprimer la souffrance inacceptable d’un personnage dont on ne voit pratiquement jamais le visage.
Quatre ans de travail
Figure de proue du Frémok, maison d’édition de bande dessinée d’avant-garde, Eric Lambé a mis quatre ans – dont deux consacrés à de la pure recherche – pour dessiner cette histoire, écrite par Philippe de Pierpont en 2008. Il s’agit de leur quatrième collaboration. L’album est par ailleurs le fruit d’une collaboration avec la collection BD d’Actes Sud.
Présidé par l’auteure britannique Posy Simmonds (Tamara Drew, Gemma Bovery…), le jury a défié tous les pronostics en choisissant cet ouvrage à l’exigence assumée. Ce qu’il faut de terre à l’homme (Dargaud), de Martin Veyron, d’après une nouvelle de Léon Tolstoï relatant le destin d’un petit paysan de Sibérie emporté par son ambition, a été récompensé du prix spécial du jury. L’homme qui tua Lucky Luke, de Matthieu Bonhomme, a reçu, lui, le prix du public.
Le palmarès complet
Fauve d’or, prix du meilleur album : Paysage après la bataille (Actes Sud/Frémok), d’Eric Lambé et Philippe de Pierpont
Prix spécial du jury : Ce qu’il faut de terre à l’homme (Dargaud), de Martin Veyron
Prix révélation : Mauvaises filles (Cornélius), d’Ancco
Prix de la série : Chisakobé, tome IV (Le Lézard noir), de Minetarô Mochizuki
Prix du patrimoine : Le Club des divorcés (Kana), de Kazuo Kamimura
Prix du polar : L’Eté diabolik (Dargaud), d’Alexande Clérisse et Thierry Smolderen
Prix du public : L’homme qui tua Lucky Luke, de Matthieu Bonhomme
Prix de la bande dessinée alternative : Biscoto (L’Association/Biscoto Editions)
Prix jeunesse : La jeunesse de Mickey, de Tébo (Glénat)
Grand prix d’Angoulême : Cosey