Si le passage de flambeau de la présidence de l’Union africaine (UA) entre le président tchadien Idriss Déby et son homologue guinéen Alpha Condé semble une affaire entendue, il n’en va pas de même pour la succession de la présidence de la Commission de l’organisation panafricaine.

Lors du 28e sommet de l’UA, qui se déroulera les lundi 30 et mardi 31 janvier à Addis-Abeba, l’organe exécutif de l’UA doit être entièrement renouvelé. Qui succédera à la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, au bilan très décevant ?

Rien ne permet à ce stade de dire qui des cinq candidats en lice pour la présidence de la Commission de l’Union africaine emportera le vote prévu lundi, mais trois candidats abordent cette élection avec le statut de favori.

  • Abdoulaye Bathily, Sénégal

Plusieurs fois ministre au Sénégal, Abdoulaye Bathily, 69 ans, est assuré du soutien de la Commission économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). L’organisation sous-régionale entend tirer les dividendes de son succès dans la gestion de la crise postélectorale gambienne pour donner des meilleures chances d’être élu à son candidat.

A en croire sa profession de foi, M. Bathily mise également, pour succéder à la Sud-Africaine NKosazana Dlamini-Zuma, sur son expérience dans la gestion des crises africaines. En effet, en sa qualité de représentant du secrétaire général des Nations unies en Afrique centrale, il a été fortement impliqué dans la recherche des solutions aux crises postélectorales au Burundi, au Gabon, au Congo-Brazzaville.

Il doit toutefois faire face aux critiques qui le présentent comme le candidat du Maroc, en raison de la trop grande proximité de la diplomatie sénégalaise avec Rabat.

  • Moussa Fakhi Mohamed, Tchad

Ministre des affaires étrangères du Tchad depuis 2008, M. Fakhi Mahamat, 56 ans, est un fidèle parmi les fidèles du président tchadien Idriss Déby Itno, actuel président en exercice de l’Union africaine. Outre sa connaissance des grands dossiers internationaux, le chef de la diplomatie tchadienne entend faire de l’engagement de son pays dans la lutte contre le terrorisme un argument électoral. Ce n’est pas le moindre atout dans le contexte actuel de la menace terroriste en Afrique.

Sa prétention à succéder à Mme Dlamini-Zuma est cependant affaiblie par l’absence de consensus sur une candidature unique en Afrique centrale, sous-région dont il est originaire. De plus, une partie de la société civile tchadienne milite contre sa candidature en mettant en avant l’absence de démocratie et le non-respect des droits de l’homme au Tchad. Pour ne rien arranger à sa candidature, s’y ajoute l’étiquette de candidat de l’Algérie.

  • Amina Mohamed, Kenya

Réputée « grande bosseuse », Amina Mohamed, 55 ans, ministre des affaires étrangères kényanes depuis 2013, présente un profil moins clivant que les deux autres favoris du scrutin. Elle jouit également d’une grande connaissance de la communauté internationale pour avoir été directeur adjointe du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et ambassadrice de son pays auprès de l’ONU à Genève. Atout non négligeable, Mme Mohamed bénéficie du soutien total de l’Autorité intergouvernementale pour le développement en Afrique de l’Est (IGAD).

Par ailleurs, elle pourrait tirer profit du rapprochement récent entre l’Afrique du Sud et le Kenya, première économie d’Afrique de l’Est. La position constante de son pays contre la Cour pénale internationale (CPI) très décriée au sein de l’UA pourrait également lui attirer des voix si elle devait départager MM. Bathily et Fakhi.

Sommet de l’Union Africaine : quels enjeux ?
Durée : 03:12

En revanche, la décision unilatérale de son pays de retirer à la fin de l’année 2016 ses troupes de la force africaine de paix en Somalie (Amisom) pourrait se retourner contre elle le jour du scrutin. Elle devra aussi compter avec le fait que son compatriote Eratus Mwancha a occupé pendant huit années le poste de vice-président de la Commission de l’UA.

Le ministre équato-guinéen Agapito Ba Mokuy, 51 ans, et l’ancienne ministre botswanaise Pelonomi Venson-Moitoi, 65 ans, devraient, quant à eux, plutôt jouer les trouble-fête, même si la désignation du président de la Commission obéit surtout à des critères politiques.