Apple plus que jamais dépendant de l’iPhone
Apple plus que jamais dépendant de l’iPhone
LE MONDE ECONOMIE
Le groupe californien a vu son chiffre d’affaires progresser de 3 % entre octobre et décembre 2016.
Un Apple Store, à Shanghaï, en décembre 2016. | VCG / VCG via Getty Images
Apple renoue avec la croissance. Entre octobre et décembre, période qui correspond au premier trimestre de son exercice 2016-2017, le groupe à la pomme a enregistré une hausse, modeste mais supérieure aux projections, de son chiffre d’affaires. Celui-ci a progressé de 3 % sur un an, après avoir reculé lors des trois trimestres précédents. Il s’est élevé à 78,4 milliards de dollars (72,7 milliards d’euros). « Un niveau record », s’est félicité, mardi 31 janvier, Tim Cook, le directeur général de la société, lors de l’annonce des résultats.
Comme cela est le cas depuis plusieurs années, les performances financières d’Apple sont étroitement liées à celles de l’iPhone, son smartphone vedette,dont les ventes avaient aussi baissé au cours des neuf premiers mois de 2016. La tendance s’est inversée : sur la période, l’appareil s’est écoulé à 74,3 millions d’unités, soit un gain de 5 % par rapport à la fin de 2015. Ce chiffre constitue également un niveau historique.
Autre élément positif : le prix de vente moyen, qui s’est établi à 695 dollars, n’avait jamais été aussi élevé. Cette évolution s’explique par le succès grandissant des versions « Plus », dotées d’un écran plus grand et qui sont vendues plus cher. Ces modèles « ne sont plus simplement considérés comme de grands iPhone, mais comme les iPhone à posséder », souligne Carolina Milanesi, analyste chez Creative Strategies.
Malgré la hausse de ses recettes, Apple a accusé un léger repli de son bénéfice net sur le trimestre, à 17,9 milliards de dollars. Les profits de l’entreprise de Cupertino, en Californie, dont la trésorerie se rapproche des 250 milliards de dollars, restent supérieurs aux consensus des analystes financiers. Ces bons chiffres rassurent les investisseurs de Wall Street. Dans les échanges d’après-Bourse, mardi, l’action progressait de 3 %, atteignant son plus haut point depuis l’été 2015.
Innovations de moins en moins importantes
Après treize années de hausse ininterrompue des recettes, le déclin enregistré l’an passé avait fait naître des inquiétudes sur la capacité d’Apple à poursuivre sa croissance. Le groupe américain n’a toujours pas trouvé la parade à sa dépendance à l’iPhone : entre octobre et décembre 2016, le smartphone a représenté près de 70 % de son chiffre d’affaires. Il fait face à la saturation des principaux marchés occidentaux, où la plus grande partie de la population possède déjà un smartphone.
En outre, le cycle de remplacement s’allonge : au lieu de changer de terminal tous les deux ans, de plus en plus d’utilisateurs conservent leur ancien appareil plus longtemps, en particulier parce que les innovations technologiques sont de moins en moins importantes.
Si la situation s’améliore, tous les doutes ne sont pas encore levés. La progression des ventes d’iPhone, pendant la période des fêtes, a été nettement plus faible que les années précédentes. Les performances continuent de se dégrader en Chine, face à la concurrence des fabricants locaux comme Huawei, Oppo et Vivo. Et Apple table sur une hausse limitée de son chiffre d’affaires entre janvier et mars. Celui-ci devrait rester inférieur au niveau atteint il y a deux ans.
Certains analystes estiment cependant que le prochain modèle, attendu à l’automne, pourrait permettre de retrouver de forts taux de croissance. Avec l’iPhone 7, sorti en septembre 2016, la société avait choisi de conserver, pour une troisième année, le même design, alors qu’elle avait pris l’habitude de le modifier tous les deux ans. Les véritables nouveautés ont été repoussées à 2017, pour le dixième anniversaire du smartphone.
Les services, nouveau relais de croissance
Les marchés prédisent ainsi un « super-cycle », estimant que de nombreuses personnes ont préféré attendre une année supplémentaire pour acheter un nouvel iPhone. Pour Mme Milanesi, « le taux de remplacement pourrait être plus élevé que pour l’iPhone 6 », dont le lancement, en 2014, avait donné un important coup de fouet aux ventes.
Au-delà de l’iPhone, les autres produits affichent un bilan mitigé. Les ventes d’iPad ont chuté de 19 % sur la période, enregistrant un douzième trimestre d’affilée de baisse. Grâce au lancement de nouveaux modèles, les ordinateurs Mac ont enregistré un gain de 1 %. La montre Apple Watch, pour laquelle aucun chiffre n’est rendu public, a connu un trimestre « record », selon M. Cook. Mais la catégorie « autres produits », qui intègre le boîtier Apple TV et les casques audio Beats, a accusé un repli de son chiffre d’affaires.
Pour Apple, le nouveau relais de croissance ne se trouve pas dans le matériel, mais dans les services, comme Apple Store (boutique d’applications), Apple Pay (paiement mobile), Apple Music (streaming musical) et iCloud (stockage en ligne). Au cours des trois derniers mois de 2016, ils ont généré 7,2 milliards de dollars de recettes, soit une progression de 18 %.
Selon l’entreprise, le chiffre d’affaires de l’App Store a grimpé de 43 % sur la période. Apple Pay compte trois fois plus d’utilisateurs qu’il y a un an, pour un volume de transactions en hausse de 500 %. Avec un milliard d’appareils en circulation, ces services constituent une immense opportunité, assure M. Cook. Le patron d’Apple promet que leur chiffre d’affaires doublera d’ici à 2021.