Augmentation massue des PV de stationnement à Paris à partir de 2018
Augmentation massue des PV de stationnement à Paris à partir de 2018
Par Béatrice Jérôme
Les contraventions passeront de 17 euros à 35 ou 50 euros, selon les arrondissements.
Gare, les mal garés ! Au 1er janvier 2018, il en coûtera plus cher aux automobilistes de ne pas payer leur stationnement. La loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (Maptam) de janvier 2014 donne la liberté aux maires de fixer le montant des pénalités pour infraction au stationnement payant.
Au moins 800 communes, soit celles qui monnayent déjà le droit de se garer dans leurs rues, s’apprêtent à entrer dans cette valse des « contredanses ». Paris a ouvert le bal. Sur proposition d’Anne Hidalgo, les élus de la capitale ont voté, mardi 31 janvier, l’instauration d’une contravention de 50 euros dans les onze premiers arrondissements et de 35 euros dans les neuf autres, d’ici un an, contre 17 euros en vigueur actuellement à Paris, comme partout en France.
« Il aura fallu quinze ans de combat contre la haute administration de l’Etat pour obtenir de maîtriser toute la chaîne de nos politiques de stationnement afin de mieux lutter contre la fraude, devenue un sport national », s’exclame Roland Ries, maire (PS) de Strasbourg et premier vice-président du Groupement des autorités responsables de transport (GART). Perçu jusque-là pour moitié par l’Etat, le produit des PV ira désormais dans les caisses des collectitivités pour financer les transports en commun.
Fourchette basse européenne
La Mairie de Paris compte dissuader les tricheurs en les pénalisant deux, voire trois fois plus. Selon un récent rapport de la chambre régionale des comptes, seuls 15 % des automobilistes contre 30 % en moyenne en France paient leur stationnement rotatif à Paris. La loi de janvier 2014 a mis fin au caractère pénal de l’infraction au stationnement qui impliquait une même amende dans les petites et grandes villes. Désormais les communes fixeront elles-mêmes le montant de la pénalité baptisée « forfait de post-stationnement » (FPS). Mais elle ne pourra excéder le tarif du stationnement rotatif.
Paris n’augmente pas les deux barèmes en vigueur : 8 euros pour deux heures dans les onze premiers arrondissements (zone 1) et 4,80 euros dans les neuf autres (zone 2). En revanche, au-delà de deux heures, la ville a voté, mardi, une grille de tarifs volontairement prohibitive. En zone 1, la sixième heure de stationnement culminera à 12 euros pour arriver à une redevance totale de 50 euros sur six heures.
L’objectif est de « lutter contre les voitures ventouses », explique Christophe Najdovski, adjoint (EELV) aux transports. Sur 140 000 places payantes, 80 000 voitures stationnent plus d’une semaine dont une bonne part illégalement. Toutefois, pour les fraudeurs qui paieront le FPS dans les trois jours, la contravention passera de 50 à 35 euros en zone 1 et de 35 à 24,50 euros en zone 2. La droite et le centre dénoncent un « nouveau coup de massue sur les automobilistes pour boucler le trou budgétaire de la ville », selon Maud Gatel, élue (UDI) au Conseil de Paris. Mardi, Franck Lefevre a proposé au nom des Républicains de limiter la hausse à 35 euros.
Paris reste dans la fourchette basse des métropoles européennes, fait valoir la mairie. A Barcelone, l’amende est de 90 euros, à Londres de 93 euros. L’exécutif municipal s’est engagé mardi, sur proposition du groupe communiste-Front de gauche, à étudier des tarifs sociaux pour les Parisiens qui s’acquittent d’une carte de stationnement « résidentiel ». La hausse des contraventions devra concerner aussi bien les villes de droite que de gauche. Rennes et Metz étudient un nouveau forfait d’une trentaine d’euros. Strasbourg envisage un forfait de l’ordre de 40 euros. Quelques maires pourraient au contraire fixer un FPS inférieur à l’ancienne amende de 17 euros en misant sur un contrôle des infractions plus efficace grâce aux nouvelles technologies.
La décentralisation de la police du stationnement permet aux maires de confier la verbalisation à des prestataires extérieurs. Comme Strasbourg, Paris « externalisera » en 2018 le contrôle en passant un marché avec deux entreprises. L’objectif est d’obtenir un taux de recouvrement des PV au minimum de 50 %. Le Front de gauche et les écologistes étant hostiles à cette « privatisation », il aura fallu à Mme Hidalgo l’appoint des voix centristes pour que le Conseil de Paris vote à l’arraché, en novembre 2016, la disparition programmée des « pervenches » dans la capitale.