L’absentéisme des fonctionnaires territoriaux en grande partie imputable à la pénibilité
L’absentéisme des fonctionnaires territoriaux en grande partie imputable à la pénibilité
Par Bertrand Bissuel
Une étude, réalisée à l’initiative de l’Association des DRH de grandes collectivités, montre une plus forte proportion d’absences dans les métiers physiquement éprouvants.
L’absentéisme des fonctionnaires employés dans des collectivités locales tient en grande partie à des problèmes « d’usure professionnelle » et de « pénibilité ». C’est l’un des principaux enseignements d’une étude diffusée mercredi 1er février par l’Association des DRH des grandes collectivités (ADRHGCT). Les résultats tombent au moment même où la question du nombre d’agents publics alimente les débats de la campagne présidentielle.
Réalisée avec l’aide de l’Institut national des études territoriales (INET), l’enquête en question résulte d’une initiative originale. Elle a tout d’abord cherché à dégager une définition commune de l’absentéisme – ce qui est loin d’être le cas à l’heure actuelle, puisque les employeurs publics ne mesurent pas toujours de la même manière le phénomène. Ensuite, les collectivités ont été invitées à communiquer, sur un portail web développé par une start-up, leurs données afin de permettre des comparaisons. Cent dix-neuf collectivités de toute taille se sont prêtées à l’exercice, représentant un peu plus de 263 000 agents, soit 14 % des fonctionnaires territoriaux.
Activités éprouvantes
Premier constat : le taux d’absentéisme s’avère moins élevé que celui calculé par Sofaxis, un courtier en assurances, dont les études retiennent régulièrement l’attention. L’ADRHGC aboutit à un ratio de 7,85 % pour 2015 – ce qui signifie qu’une collectivité de 100 agents titulaires a été confrontée, cette année-là, à l’absence d’un peu moins de huit de ses agents pour des motifs dits « compressibles » (maladie ordinaire, accident du travail, maladie professionnelle, congés longue durée, etc.). Sofaxis, de son côté, parvenait à un taux de 9,3 % pour 2015, mais en incluant les congés maternité (Le Monde du 1er décembre 2016).
L’étude de l’Association des DRH montre aussi de fortes disparités entre catégories d’employeurs : le taux moyen d’absentéisme est plus élevé dans les centres communaux d’action sociale (10,4 %) et dans les municipalités (8,5 %) que dans les départements et les intercommunalités (6,6 %). Des écarts importants existent, en outre, entre métiers : dans la filière technique (agents d’entretien, magasinier, jardinier, etc.) et dans la filière médico-sociale et sociale (puéricultrice, auxiliaire de soins, éducateur…), les indicateurs sont « dégradés », atteignant respectivement 8,9 % et 9,3 % (contre 5,2 % dans la filière culturelle). Or ces activités, majoritairement exercées par des fonctionnaires d’exécution (catégorie C), sont connues pour être éprouvantes, souligne l’enquête de l’ADRHGC. Et l’absentéisme des agents appartenant à la catégorie C est, lui aussi, plus marqué que celui des cadres de la fonction publique territoriale : 9,3 % dans le premier cas contre 3,7 % dans le second.
« Ça confirme ce que l’on ressentait empiriquement », confie Johan Theuret, président de l’ADRHGC : 30 % du volume d’absences est imputable à des accidents du travail, des maladies professionnelles et des congés de longue durée. Autant de problématiques « sur lesquelles les collectivités ont un pouvoir d’action directe », à travers des mesures de prévention et d’« amélioration des conditions de travail ». Il convient toutefois de mentionner que la majorité des arrêts résulte de « maladies ordinaires ».
L’Association des DRH a l’intention de renouveler l’opération pour 2016. Son but, cette fois-ci, est de recueillir des informations sur un quart des personnes travaillant dans une collectivité locale, afin d’avoir une vision encore plus fine du problème.