Corruption : le pouvoir roumain refuse de céder
Corruption : le pouvoir roumain refuse de céder
Par Mirel Bran (Bucarest, correspondant)
Les manifestations se poursuivent pour défendre le parquet anticorruption, dont le nouveau premier ministre, Sorin Grindeanu, veut limiter le pouvoir.
Manifestation à Bucarest, le 2 février. | DANIEL MIHAILESCU/AFP
Les socialistes roumains ne reculent pas devant la vague de manifestations contre la tentative du gouvernement de revenir sur des années de lutte anticorruption. « Le Parti social-démocrate [PSD] a gagné les élections et nous gouvernons sur la base d’un vote du Parlement, a déclaré Liviu Dragnea, président du PSD, jeudi 2 février lors d’une conférence de presse. Nous continuerons à exercer le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. »
Le premier ministre, Sorin Grindeanu, au pouvoir depuis début janvier, a confirmé que son gouvernement n’abrogerait pas les décrets pris dans l’urgence qui limitent le pouvoir des procureurs et des juges. « Nous avons pris une décision et nous nous y tiendrons », a-t-il affirmé.
Le refus de l’exécutif de céder ne fait que radicaliser une opinion publique déjà exaspérée par une corruption institutionnalisée. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues de nouveau dans la rue pour crier leur colère. « Je ne veux pas aller vivre à l’étranger, dit Viorel Serban, un étudiant de Bucarest qui se rend tous les soirs avec ses amis devant le siège du gouvernement. Des millions de Roumains sont partis travailler à l’Ouest. C’est la corruption qui les a chassés. C’est notre tour de chasser la corruption et les corrompus. Ce gouvernement doit s’en aller. »
Risque d’un impact économique
Le président libéral Klaus Iohannis a pris, jeudi, la défense des procureurs et des juges : « Les Roumains ont montré ce qu’ils veulent : un Etat de droit. Mon message est clair : bas les pattes sur le parquet national anticorruption ! » La bataille institutionnelle ne fait que commencer. Les procureurs ont demandé au ministère de la justice la totalité des documents et la transcription des discussions concernant les décrets d’urgence. Une enquête pénale a été ouverte par le parquet national anticorruption. « Cette enquête est une immixtion grave dans l’activité de l’autorité exécutive », a répliqué le ministre de la justice, Florin Iordache.
La crise risque d’avoir un impact économique. « La remise en cause de la lutte contre la corruption pose le problème de la crédibilité de la Roumanie dans l’espace économique international et affecte la confiance des investisseurs dans le système judiciaire et politique », souligne la chambre de commerce et d’industrie française en Roumanie.
Roumanie : une impressionnante manifestation contre le gouvernement dégénère à Bucarest
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