L’obésité touche quatre fois plus les enfants d’ouvriers que ceux de cadres
L’obésité touche quatre fois plus les enfants d’ouvriers que ceux de cadres
Par Anne-Aël Durand
Selon une enquête nationale de santé réalisée sur les élèves de CM2, la tendance au surpoids s’est stabilisée depuis 2002, avec de fortes inégalités sociales.
Le centre de pédiatrie et de rééducatino de Bullion accueille des enfants et adolescents souffrant d’obésité. | FRANCOIS GUILLOT / AFP
Les inégalités face à la santé commencent très jeunes. Dès l’âge de 10 ans, les enfants des classes populaires (ouvriers, employés) ont deux fois plus de risque d’être en surpoids et jusqu’à quatre fois plus de probabilité de souffrir d’obésité que les enfants de cadres et professions supérieures. C’est le résultat d’une étude réalisée en 2014-2015 auprès de plus de 8 000 élèves de CM2, et publiée, mercredi 8 février, par la direction statistique du ministère de la santé (Drees).
18,1 % des enfants en surpoids
Commençons par une bonne nouvelle : selon cette enquête nationale de santé en milieu scolaire, réalisée à intervalle régulier, l’obésité reste stable et tend même à diminuer légèrement depuis 2002 parmi les élèves de CM2 en France (âgés de 9 à 10 ans en moyenne), contrairement à une tendance générale observée en Europe.
Près d’un enfant sur cinq (18,1 %) a toutefois un problème de surpoids en 2015, et parmi ceux-là, 3,6 % sont obèses.
Des inégalités sociales fortes
L’enquête n’a pas relevé de différence significative entre filles et garçons de cet âge. En revanche, lorsque les professionnels de santé ont demandé aux élèves la profession de leurs parents, ils ont constaté de fortes disparités : seuls 1,3 % des enfants de cadres sont obèses à l’âge de 10 ans, contre 5,5 % des enfants d’ouvriers, soit quatre fois plus. Pour le surpoids moins sévère, le décalage est moins net : 11 % chez les cadres contre 16 % chez les ouvriers.
Moins de boissons sucrées et plus de sport
Difficile d’avoir une explication unique de ce phénomène, lié à des facteurs de risque familiaux, mais aussi à des habitudes alimentaires ou à l’activité physique, comme l’explique l’Assurance maladie. Toutefois, l’enquête de la Drees a repéré que les élèves vivant dans des familles de catégorie professionnelle supérieure avaient des « comportements plus propices à la préservation de leur santé ». Ils prennent tous les jours un petit-déjeuner (88 % contre 79 %), mangent plus de légumes (42 % contre seulement 27 % chez les ouvriers) et font davantage de sport (78 % contre 67 %). Ils sont par ailleurs moins nombreux à consommer tous les jours des boissons sucrées (15 % contre 26 % des enfants d’ouvriers).
Un élève sur trois a une télé ou un ordinateur dans sa chambre
Parmi les facteurs favorisant l’excès de poids figure le temps passé devant des écrans, dont l’offre s’est multipliée ces dernières années : télévision, DVD, jeux vidéo, tablette, ordinateur, smartphone… Selon l’enquête, 35 % des élèves disposent d’un ordinateur fixe ou d’une télévision dans leur chambre. Avec cette fois encore des situations très contrastées selon le milieu social : c’est le cas de 43 % des enfants d’ouvriers, contre seulement 26 % des enfants de cadres. Toutes catégories confondues, plus d’un élève sur huit passe deux heures devant des écrans les jours d’école.