La quatrième édition du festival Amani devait être grandiose. Cet événement se veut un symbole de paix dans cette région meurtrie du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Mais, cette année, il est endeuillé par la mort d’un volontaire du festival, abattu dans la nuit de jeudi à vendredi durant les derniers préparatifs par un policier dans des circonstances encore peu claires.

« C’est incompréhensible, pourquoi le policier a-t-il fait ça ? », s’interroge le directeur du festival, Guillaume Baguma, joint au téléphone par Le Monde Afrique. Le festival, dont la programmation propose trois jours de concerts, a officiellement démarré vendredi 10 février, malgré le drame survenu la veille.

« Sacrifié pour le festival »

Le bénévole s’appelait Norbert Paluku, surnommé « Djoo » par ses amis et ses proches. « C’était un des fondateurs du foyer culturel de Goma qu’on a lancé en parallèle du festival », précise le directeur du festival Amani. A 30 ans, ce danseur très apprécié, notamment passé par le Conservatoire de Verviers (Belgique), laisse derrière lui une veuve et deux enfants, âgés de 3 ans et de quelques mois.

Les motivations des coups de feu sont encore imprécises. Alors que le montage de la grande scène se terminait dans la nuit, un policier a usé de son arme en visant une jeune fille. Elle s’appelle Ezéchielle Bandu, est scoute et volontaire du festival.

Selon plusieurs sources et témoins, cette dernière aurait refusé de lui céder le matelas qu’il réclamait avec insistance. Norbert Paluku aurait alors tenté de s’interposer et a été pris pour cible par le policier. Il a été tué. Ezéchielle Bandu, elle, a été atteinte par des balles dans l’abdomen et a été immédiatement transférée à l’hôpital Heal Africa de Goma où elle a été opérée jeudi 9 février dans la nuit.

M. Paluku, qui assurait régulièrement la sécurité dans les caravanes Amani qui sillonnent la ville depuis des mois, était connu de nombreux bénévoles du festival. « Il a toujours fait preuve de courage. Et encore hier, il a sacrifié sa vie pour protéger cette fille, explique ainsi Belami, un camarade de longue date de la victime. C’est un exemple de courage et on doit continuer, continuer le festival pour lequel il a donné sa vie. »

« Saluer sa mémoire »

Les tragiques événements de la veille n’ont pas remis en cause la tenue du festival, qui a rassemblé plus de 5 000 personnes sur la première journée, selon les organisateurs qui se réjouissent d’avoir une fréquentation plus élevée que l’an passé. « Il faut saluer la mémoire de Djoo par une édition 2017 extraordinaire », dit le directeur du festival, qui a tenu à rebaptiser la grande scène du nom du défunt.

Comme « Djoo », ils étaient plus de 600 à s’être engagés volontairement pour faire de cette édition 2017 une réussite. Le festival, lancé en 2014 à l’initiative du Français Eric de Lamotte, veut montrer au monde une autre facette de Goma. Cette ville de près d’un million d’habitants est la capitale provinciale du Nord-Kivu, une région de l’est de la RDC ravagée par deux guerres, et toujours en proie à l’instabilité de par la présence de groupes armés.

Au programme cette année, Amani affiche notamment le DJ centrafricain en vogue Boddhi Satva, l’artiste rwandais Mighty Popo, ou encore le groupe d’afro-pop kényan Sauti Sol. La star montante congolaise Fabregas est quant à elle attendue vendredi 10 février sur la grande scène.

RDC : 30 000 personnes réunies au festival Amani