TV : « Les Médicis », lutte du pouvoir au temps de la Renaissance
TV : « Les Médicis », lutte du pouvoir au temps de la Renaissance
Par Martine Delahaye
A voir aussi ce soir. Malgré de superbes décors, la nouvelle saga dynastique italo-américaine manque un peu de souffle (sur Numéro 23 à 20 h 55).
LES MEDICIS Bande Annonce VF (Serie 2016) Richard Madden, Dustin Hoffman
Durée : 01:47
Un peu à la manière des Tudor sur la vie d’Henri VIII d’Angleterre (les décapitations en moins), beaucoup à la façon de la série Borgia, qui retraçait l’accession à la papauté du cardinal Rodrigo Borgia entouré de trois de ses enfants illégitimes (les sauteries de lit en lit en moins), voilà le tour d’une autre dynastie de prêter son nom à une série : Les Médicis, maîtres de Florence. Une coproduction italo-américaine tournée dans de superbes décors en Italie, et confiée à deux auteurs américains, Nicholas Meyer et Frank Spotnitz (ce dernier ayant été le principal scénariste de X-Files et le créateur de The Man in the High Castle, série adaptée d’un livre de Philip K. Dick).
« Le défi, pour moi, commente Frank Spotnitz dans un bonus du DVD de cette première saison, consistait à trouver le moyen de raconter cette histoire pour qu’elle accroche des gens qui ne s’intéressent pas nécessairement aux Médicis. D’où la création d’un “Et si… ?” fictionnel : “Et si Giovanni de’Medici, le fondateur de la banque des Médicis, avait été assassiné ?” Car en fait, historiquement, on ne sait pas comment il est mort. Avec ce mystère en tout début de série, on va voir ses deux fils rechercher qui l’a tué, et pourquoi. Or les suspects sont des gens de leur entourage, tous historiquement passionnants. »
Banquier de la papauté
Cela dit, le patriarche Giovanni de’Medici (Dustin Hoffman) aura beau être très tôt assassiné dans la série, nombre de flash-back permettront par la suite de prendre (en partie) la mesure du personnage, fondateur d’une dynastie qui comptera des papes et deux reines de France, et homme d’affaires qui, à sa mort, en 1429, menait un des « business » financiers les plus florissants d’Europe, si ce n’est le premier, notamment en tant que banquier de la papauté.
Les Médicis auront utilisé les sièges de l’Eglise éparpillés un peu partout dans le monde pour faire commerce de l’argent avec les royaumes d’Europe. « Aujourd’hui, on parlerait de “trading”, commente Sergio Mimica-Gezzan, réalisateur de la série. Ces mouvements d’argent, fruit d’un système extrêmement sophistiqué, ont permis aux Médicis de faire prospérer Florence et d’en faire un genre de New York du XVe siècle. »
Giovanni de’ Medici (Dustin Hoffman). | LUXVIDE 2015
Pour lui succéder et asseoir son empire financier dans la longue durée (un réseau de crédit qui s’étendait de Venise à Londres en passant par Bruges et Barcelone), Giovanni de’Medici, chef de la République de Florence, choisit son fils Cosimo (Cosme, en français), qui deviendra vite le personnage central de la série, à la fois artiste contrarié, réformateur politique, habile financier et grand mécène de Florence (il est interprété par Richard Madden, autrement connu sous le nom de Robb Stark dans Game of Thrones).
Trop luxueusement classique
Sans multiplier à l’envi les scènes de sexe et de violence, Les Médicis n’en reste pas moins d’une facture trop luxueusement classique pour complaire aux amateurs de séries complexes et audacieuses. Centrée sur la République de Florence, sur les luttes de pouvoir qui y opposèrent les grandes familles, sur la passion que mit Cosme à transformer sa ville en soutenant des artistes encore inconnus, la série souffre d’un manque de perspective panoramique de l’Europe de l’époque. Il eût fallu un peu de ce souffle qui, entre les XIVe et XVe siècles, vit naître une nouvelle forme d’économie et une vision moderne de l’art. Celui de la Renaissance.
Les Médicis : maîtres de Florence, série créée par Frank Spotnitz et Nicholas Meyer. Avec Richard Madden, Dustin Hoffman. (Etats-Unis - Italie, 2016, 8 × 60 min).