Le premier ministre grec, Alexis Tsipras (à gauche), discute avec le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, à Athènes, le 15 février 2017. | LOUISA GOULIAMAKI / AFP

Depuis des mois les négociations entre la Grèce et ses bailleurs de fonds – zone euro et Fonds monétaire international (FMI) – piétinent, suscitant de plus en plus l’inquiétude des marchés financiers. Jeudi, un porte-parole du gouvernement grec a annoncé viser un « accord politique de principe » avec ses créanciers lundi. « Dans le meilleur des cas », il y aura un « préaccord », a dit, de son côté, un haut responsable européen. Or, pour le déboursement d’une nouvelle tranche de crédit promise dans le cadre du troisième plan d’aide à la Grèce conclu à l’été 2015, un accord complet et définitif est nécessaire. Théoriquement, la Grèce a de la marge jusqu’à juillet, mais pas au-delà, car elle doit alors honorer des créances dont le montant s’élève à plus de 7 milliards d’euros. Mais la tenue d’élections en mars aux Pays-Bas, puis d’avril à juin en France et enfin en septembre en Allemagne pourrait retarder encore le processus de décision. Les négociations entre Athènes et ses créanciers butent depuis des mois sur les différences d’évaluation de la situation économique de la Grèce dans les prochaines années et les remèdes à lui proposer.

Non convaincu par les arguments des Européens, le FMI, qui a joué un rôle central lors des deux premiers plans de sauvetage de la Grèce, en 2010 et 2012, traîne des pieds pour participer financièrement au troisième. Le FMI joue pour l’instant le rôle de simple conseiller technique, au grand dam de Berlin qui souhaiterait le voir s’engager davantage, jugeant le Fonds garant d’une certaine rigueur. Le FMI estime tout d’abord que les objectifs budgétaires fixés à Athènes par les Européens sont trop ambitieux. Le FMI table sur un excédent budgétaire primaire grec (hors intérêts de la dette) de 1,5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2018 ; la zone euro s’attend, elle, à 3,5 %. Pour que l’objectif de 3,5 % du PIB soit atteint en 2018 et au-delà – comme l’attendent les Européens –, le FMI demande au gouvernement grec de prendre dès maintenant des mesures permettant de dégager les 2 % de PIB manquants. Il s’agirait d’une réforme des retraites (permettant de réduire les dépenses) et des mesures fiscales (pour augmenter les recettes). Une demande que rejette pour l’instant le gouvernement de gauche du premier ministre, Alexis Tsipras, qui estime de toute façon que sa faible majorité au Parlement grec ne lui permettrait pas de faire adopter ce nouveau tour de vis. Deuxième point d’achoppement, le nombre d’années pendant lesquelles la Grèce doit dégager un excédent budgétaire primaire de 3,5 % du PIB après 2018. Enfin, troisième pomme de discorde : la dette grecque, qui s’élevait à près de 180 % du PIB en 2016. Le Fonds monétaire international la juge « explosive » et souhaiterait des allégements significatifs ; ce que l’Allemagne, première créancière d’Athènes, refuse. Selon ses règles internes, le FMI ne peut accorder de prêt à un Etat que s’il juge sa dette soutenable. En l’absence d’un déblocage lundi, les espoirs pourraient se tourner vers une autre importante rencontre à Berlin mercredi de la chancelière, Angela Merkel, et de la directrice générale du FMI, Christine Lagarde.