TV : « Girls », fin de parties
TV : « Girls », fin de parties
Notre choix du soir. L’ultime saison d’une série radicale sur la sexualité féminine, plus crue et trash que « Sex and the City » (Sur OCS à la demande).
Girls Season 6 Trailer (HD)
Durée : 00:43
Trop occupée à tenter de devenir qui elle est, Hannah n’a pas vu le coup venir. A 23 ans, elle est encore « en pleine croissance », et a besoin de temps pour rédiger les cinq derniers chapitres de son autobiographie. Or, ses parents viennent lui annoncer, à Brooklyn, où elle vit, qu’il est temps qu’elle prenne sa destinée en main : ils lui coupent les vivres. La voilà contrainte de mettre les points sur les i, dans l’espoir qu’ils la financent encore deux ans : « Je ne veux surtout pas vous faire peur, leur explique-t-elle, mais je pense être, en toute objectivité, la porte-parole de ma génération… Ou, du moins, une porte-parole d’une certaine génération. »
Son livre, dont elle n’a pu écrire que les premiers chapitres, « c’est un peu le parcours d’une fille et son évolution sexuelle ». Ainsi s’annonçait, dès le premier épisode, en 2012, la thématique de Girls, série explosive créée, coécrite, réalisée et interprétée par Lena Dunham, elle-même vingtenaire à l’époque.
Lena Dunham a raconté, depuis, l’ultraminuscule et ridicule pitch qu’elle avait fourni en 2011 à HBO, la chaîne câblée pourtant très ambitieuse, à propos de Girls :« J’ai les trois amies blanches les plus agaçantes du monde, et je vais en faire une série télévisée. »
avec Riz Ahmed et Lena Dunham | Mark Schafer
De fait, autour d’Hannah, qui se veut l’écrivaine de sa génération (interprétée par Lena Dunham), gravitent ses « meilleures amies pour toujours » : Marnie la stylée, Jessa la baba cool, Shoshanna la vierge. Soit un quatuor de jeunes femmes qui, nées avec l’arrivée du porno gratuit sur Internet, vont explorer leur sexualité : une version actualisée, autrement plus crue et trash, de Sex and the City, référence présente dans Girls dès ses premières scènes. Avec, ici, le côté branché de Brooklyn et le narcissisme pour toile de fond, une sexualité filmée sans esthétisation – Lena Dunham n’hésitant pas à se montrer nue ou en drôle de posture en dépit d’un généreux tour de hanches – et un lien entre nos quatre New-Yorkaises relevant d’une même aspiration à devenir quelqu’un d’autre, sans savoir qui elles sont.
Ovationnée à ses débuts en tant que comédie sociale et sexuelle hyperréaliste, Girls a emmené ses personnages vers une caractérisation volontairement outrancière, au fil des saisons, pour mieux épingler une génération vivant avec beaucoup d’inconscience du monde extérieur, très occupée à se mirer le nombril. Beaucoup, dans le public, se seront lassés de cette sorte de radiographie ethnographique de la vie sexuelle de nos quatre héroïnes. Il n’en reste pas moins que Lena Dunham, avec Girls, aura ouvert une nouvelle ère dans la représentation de (l’apprentissage de) la sexualité féminine.
« Spirituelle et narcissique »
Les « filles » de 2012 étant devenues des presque trentenaires s’ouvre, ce mois-ci, la sixième et ultime saison de la série, à découvrir sur le bouquet d’Orange, OCS. Hannah commence à être reconnue en tant qu’auteure, et explique à un magazine new-yorkais combien elle correspond à l’air du temps : son image est celle d’une jeune femme « à la fois spirituelle et narcissique » ; « une de mes autres caractéristiques, ajoute-t-elle, c’est que je me fous absolument de tout, mais que j’ai une opinion immédiate sur tout, même sur les sujets auxquels je ne connais rien »… Au moins Lena Duham ne perd-elle jamais un sens suraigu de l’humour.
Girls,saison 6. Série créée par Lena Dunham en 2012. Avec Lena Dunham, Allison Williams, Jemima Kirke, Mamet Zosia (EU, 2017, 10 x 26 min). Saison 6 aux Etats-Unis + 24 et saisons 1 à 5 à la demande sur OCS Go.