Rachat d’Uramin : mise en examen de Gérald Arbola, ex-numéro deux du directoire d’Areva
Rachat d’Uramin : mise en examen de Gérald Arbola, ex-numéro deux du directoire d’Areva
Le Monde.fr avec AFP
L’ancien dirigeant est poursuivi pour « présentation de comptes infidèles » en 2010 et 2011 destinée à couvrir les pertes du groupe.
Gérald Arbola, ancien numéro deux du directoire d’Areva, a été mis en examen dans l’enquête sur le rachat en 2007 de la société minière Uramin, une opération qui s’était révélée désastreuse pour le spécialiste du nucléaire, a appris l’AFP, vendredi 24 février, de source proche de l’enquête.
Convoqué jeudi chez le juge d’instruction, il a été mis en examen pour « diffusion d’informations trompeuses » et « présentation de comptes infidèles », a précisé cette source.
L’enquête porte sur le rachat en 2007 d’Uramin pour 1,8 milliard d’euros. L’exploitation des gisements d’uranium de l’entreprise canadienne en Namibie, en Afrique du Sud et en Centrafrique s’était révélée beaucoup plus difficile que prévu et l’opération s’était transformée en gouffre financier pour Areva.
Deux informations judiciaires sont ouvertes depuis 2014 : l’une porte sur les conditions d’acquisition d’Uramin, l’autre sur les provisions inscrites par Areva en 2010 et 2011 pour couvrir ses pertes, les années précédentes étant couvertes par la prescription.
C’est dans le cadre de cette seconde enquête que Gérald Arbola est poursuivi, tout comme Anne Lauvergeon, l’ex-présidente d’Areva, mise en examen pour « présentation et publication de comptes inexacts » ainsi que « diffusion de fausses informations », et l’ex-directeur financier du groupe, Alain-Pierre Raynaud, pour « complicité ». L’ancien coprésident du comité d’audit d’Areva, René Ricol, a été quant à lui placé mercredi sous le statut intermédiaire de témoin assisté.
« Présentation des comptes la plus valorisante »
Les magistrats cherchent à savoir si des responsables du groupe ont dissimulé la valeur réelle des mines rachetées à Uramin pour retarder au maximum l’inscription de provisions dans les comptes. Fin 2011, six mois après le départ d’Anne Lauvergeon, le groupe avait fini par annoncer de lourdes pertes et une provision de 1,5 milliard d’euros sur la valeur de la société minière.
Anne Lauvergeon rejette une partie de l’échec de l’opération Uramin sur la division des mines qui n’a, selon elle, à l’époque pas bien mené son travail de prospection.
Mais, pour l’ancien directeur de la division, Sébastien de Montessus, à qui « Atomic Anne » a été confrontée en septembre 2016, cette dernière ne voulait pas passer les dépréciations nécessaires, souhaitant « une présentation des comptes la plus valorisante » possible pour obtenir, en juin 2011, un troisième mandat à la tête d’Areva, ce qui n’avait finalement pas été le cas.
Par ailleurs, on apprend qu’Anne Lauvergeon a engagé des poursuites pour diffamation contre France Inter, le journaliste Jean-Louis Pérez et l’écrivain Vincent Crouzet, un an après la diffusion, en février 2016, de l’émission « Affaires sensibles » consacrée à l’affaire Uramin. Auteur de deux ouvrages sur le sujet, Radioactif et Une affaire atomique, Vincent Crouzet, l’une des personnes les mieux renseignées en France sur le dossier Uramin, dénonce « une claire manœuvre d’intimidation » alors que deux instructions sont ouvertes en France sur le rachat d’Uramin par Areva.