TV : « Big Little Lies », des violences si bien dissimulées
TV : « Big Little Lies », des violences si bien dissimulées
Par Martine Delahaye
Notre choix du soir. Un délicat puzzle de femmes fêlées, à vif, superbement interprété (sur OCS Go à la demande).
Big Little Lies: Episode 3 Preview (HBO)
Durée : 00:46
Retour a priori étonnant, de la part du scénariste-producteur David E. Kelley (Ally McBeal, The Practice) : sa nouvelle série pour HBO, Big Little Lies, nous enferme dans la très riche communauté de Monterey, ville balnéaire « de rêve » de la côte californienne.
Adaptée du livre Petits secrets, grands mensonges (Albin Michel), de l’Australienne Liane Moriarty, avec Jean-Marc Vallée à la réalisation de ses sept épisodes, cette minisérieest née, en fait, de la volonté commune de deux actrices : Reese Witherspoon et Nicole Kidman. Après avoir découvert ce roman, elles y ont vu des rôles principaux autrement plus complexes et subtils qu’il n’en est souvent proposé aux comédiennes. Et c’est bien là que réside la force d’attraction de Big Little Lies : dans l’extraordinaire performance que livrent toutes ses actrices, et dans le portrait, mouvant et émouvant, riche d’ambiguïtés, de femmes qui se battent pour trouver les baumes les mieux à même de cacher qu’elles sont à vif.
Un meurtre, pur prétexte scénaristique puisqu’on n’en connaîtra aucun détail ni même la victime avant le dernier épisode, permet de s’introduire dans le quotidien de quatre des mamans dont les enfants entrent en CP dans l’école très huppée de Monterey. Sans doute ce meurtre a-t-il un lien avec un incident intervenu le jour de la rentrée : une petite fille pointe du doigt un petit nouveau à Monterey, lorsqu’on lui demande qui a bien pu tenter de l’étrangler pendant la récréation… Ce qu’il nie. Deux clans vont alors se renforcer, image d’une opposition sociale et symbolique : l’un derrière l’executive woman mère de la petite fille ; l’autre derrière la maman célibataire nouvellement arrivée, et constitué principalement de mères au foyer…
David E. Kelley parvient à combiner avec bonheur scènes de soap et questionnement sociopolitique, et surtout à dévoiler les pulsions contradictoires qui traversent ces femmes, voire à laisser transparaître le plus important, leur non-dit. Mais en si peu d’épisodes, il aurait gagné à concentrer l’intrigue sur l’histoire d’une seule de ces femmes : celle de Celeste Wright (Nicole Kidman), énigmatique victime d’un mari violent…
Big Little Lies, série de David E. Kelley. Avec Reese Witherspoon, Nicole Kidman, Shailene Woodley, Laura Dern (EU, 2017, 7 × 52 min). En US + 24.