Lors d’un meeting à Istanbul, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a estimé dimanche 5 mars que la décision de plusieurs villes allemandes d’annuler des meetings de ses soutiens n’était pas différente de « pratiques nazies ».

« Je pensais que l’Allemagne avait renoncé depuis longtemps [à ces pratiques]. Nous nous étions trompés. »

Les relations entre Ankara et Berlin se sont nettement tendues après l’annulation jeudi et vendredi en Allemagne de trois meetings de soutien au référendum du 16 avril, qui portera sur une réforme constitutionnelle destinée à renforcer les pouvoirs du président turc. La Turquie avait réagi très violemment, accusant l’Allemagne d’œuvrer pour une victoire du non à ce référendum.

En dépit des interdictions, le ministre de l’économie turc, Nihat Zeybekci, doit prendre part dimanche à deux rassemblements organisés par des groupes turcs à Cologne et Leverkusen.

Arrestation d’un correspondant allemand

Angela Merkel avait répliqué vendredi en expliquant qu’en Allemagne la décision d’autoriser ou non ces meetings ne relevaient pas de l’Etat fédéral, mais des compétences des communes. Elle a cependant appelé samedi le premier ministre turc, Binali Yildirim, pour essayer d’apaiser la tension, et les ministres des affaires étrangères des deux pays doivent par ailleurs se rencontrer mercredi.

L’arrestation et l’incarcération mardi en Turquie pour « propagande terroriste » de Deniz Yücel, le correspondant en Turquie du journal allemand Die Welt, a aussi contribué à durcir le dialogue entre les deux pays. Le président Erdogan a accusé M. Yücel d’être un « représentant du PKK » – le Parti des travailleurs du Kurdistan – et un « agent allemand ». Des accusations qualifiées d’« aberrantes » par Berlin.

L’Allemagne compte la plus forte communauté de la diaspora turque dans le monde, soit 3 millions de personnes, communauté fortement courtisée par les différents partis avant chaque scrutin majeur en Turquie.