Un iceberg flotte à Flatrock, détaché de l’île de Baffin ou du Groenland, au Canada, le 25 avril 2017. | Drew Angerer / AFP

Un rapport publié lundi 29 mai plaide pour une forte augmentation du prix de la tonne de CO2, qui devrait atteindre au moins 40 à 80 dollars en 2020, puis 50 à 100 dollars en 2030, afin de respecter l’objectif de limitation du réchauffement climatique.

« Une tarification bien conçue du carbone est un élément indispensable d’une stratégie efficiente de réduction des émissions » de gaz à effet de serre, souligne le document rédigé par une commission économique présidée par les économistes Joseph Stiglitz et Nicholas Stern. Celle-ci a été installée dans le cadre de la Coalition pour la tarification du carbone (CPLC), avec le soutien de la France et de la Banque mondiale.

Son objectif : examiner les niveaux de prix susceptibles d’induire des changements de comportements – dans l’investissement, la production ou les modes de consommation – nécessaires à la lutte contre le changement climatique, « d’une manière favorable à la croissance économique et au développement ».

Limiter la montée des températures

La commission rappelle que 87 % des émissions globales ne sont pas tarifées aujourd’hui et que les trois quarts de celles qui le sont, sont couverts par un prix du carbone inférieur à 10 dollars par tonne de CO2.

L’accord de Paris, adopté en décembre 2015 par près de 200 pays, prévoit de limiter la hausse de la température par rapport à l’ère préindustrielle « bien en deçà de 2 °C » et à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse de la température à 1,5 °C ».

Il existe plusieurs manières de tarifer le carbone, rappelle le rapport : un prix explicite via une taxe carbone ou un marché de quotas (c’est-à-dire des droits d’émissions de CO2, que les entreprises peuvent acheter ou vendre) ; des prix notionnels intégrés dans des outils de financement ; des incitations pour les investissements et comportements bas carbone.

Combinaison d’instruments

« Il faut du temps pour mettre en place des mécanismes de tarification du carbone, les pays doivent donc s’y atteler dès maintenant », plaide le rapport. Mais quoique incontournable, cette tarification peut « ne pas suffire à induire des réductions d’émissions à la vitesse et à l’échelle requises pour l’atteindre l’objectif de l’accord de Paris », souligne-t-il.

« Une combinaison d’instruments de politique climatique sera probablement plus efficiente et attrayante que l’utilisation d’un seul instrument », estime-t-il, citant notamment l’investissement dans les transports publics ou le soutien à la production d’énergie renouvelable.

La mise en place d’une telle tarification devra aussi « tenir compte des bénéfices non liés au climat », du contexte local et de la politique économique générale. Celle-ci peut, par exemple, « augmenter efficacement les ressources fiscales » en faveur d’une croissance équitable.