Pour Emmanuel Macron, « la droite et la gauche ont oublié les classes moyennes »
Pour Emmanuel Macron, « la droite et la gauche ont oublié les classes moyennes »
Le Monde.fr avec AFP
Le candidat d’En marche ! à l’élection présidentielle revient sur son programme dans un entretien fleuve donné à l’Agence France-Presse mardi.
Le candidat d’En marche !, Emmanuel Macron, le 7 mars, aux Mureaux. | ERIC FEFERBERG / AFP
Droit de vote des étrangers, François Fillon, éducation… Emmanuel Macron est revenu sur son programme dans un entretien fleuve à l’Agence France-Presse (AFP) diffusé mardi 7 mars dans la soirée. Retour sur les principaux points de cette interview.
- M. Macron « favorable à clarifier les règles d’accès à la nationalité française »
L’ancien ministre de l’économie préfère favoriser l’accès à la nationalité française plutôt que donner le droit de vote aux étrangers, car il ne veut « pas faire de propositions qui ne soient pas tenables », a-t-il assuré à l’AFP. Il préfère ainsi « lutter contre l’abstentionnisme qui s’est beaucoup trop installé, notamment dans les quartiers » en difficulté, « plutôt que de faire une nouvelle promesse ».
Lors de la campagne présidentielle de 2012, le candidat socialiste François Hollande avait notamment promis d’instaurer ce droit aux élections locales. Mais faute de majorité suffisante au Parlement, il n’a pu la tenir.
Dans cette interview, M. Macron propose que « l’exercice de la citoyenneté se fasse d’abord par l’accès à la nationalité ». « Je suis favorable à clarifier les règles d’accès à la nationalité française, avec un vrai examen de maîtrise de la langue », a-t-il précisé à l’AFP.
Il a par ailleurs plaidé pour « une politique rigoureuse de reconduite à la frontière de celles et ceux qui n’ont pas un titre de séjour régulier ».
- M. Macron souhaite appliquer une politique de « discrimination positive »
Dans cet entretien fleuve, M. Macron « assume totalement » une politique de « discrimination positive » envers les quartiers populaires. Il propose notamment de verser une prime à l’entreprise qui recrute en CDI un habitant des quartiers prioritaires.
Il souhaite également limiter à douze enfants les effectifs dans les classes de CP et de CE1 dans les zones d’éducation prioritaire. « On n’a pas permis aux jeunes et aux moins jeunes d’aller réussir hors de ces quartiers, de permettre la vraie circulation des énergies, des vraies trajectoires et des parcours », affirme-t-il.
Dans les « quartiers les plus difficiles », M. Macron propose que les enseignants « soient recrutés sur leur participation et leur adhésion à un projet pédagogique ou des techniques pédagogiques qui peuvent être différentes ».
- La droite et la gauche « ont oublié les classes moyennes »
Par son programme présidentiel, il entend ainsi répondre aux « insécurités » et notamment à « l’insécurité culturelle » ressenties, selon lui, par les classes moyennes « tentées par le Front national ».
« Je crois très profondément que le contrat avec les classes moyennes, qui ont été le socle à la fois politique et économique de nos démocraties, a été rompu », a poursuivi M. Macron.
« La droite a parlé à la France qui réussit, la gauche a parlé à la France populaire, la plus en difficulté. Elles ont oublié les classes moyennes qui sont la France qui travaille, la France qui se bat pour réussir, la France qui a construit notre histoire et est le socle même des projets et d’identité de notre population. »
- Fillon est « en train de devenir le Sarkozy de 2012 »
Concernant le candidat de la droite, Emmanuel Macron estime que François Fillon est « en train de devenir le Sarkozy de 2012 », « sans la vitalité ».
« C’est-à-dire qu’il a de Nicolas Sarkozy en 2012 les affaires, il a la radicalisation du discours en matière de sécurité et d’identité, et la décision stratégique de poursuivre le Front national, avec un tempérament qui n’est pas le même », a-t-il poursuivi.
Interrogé sur la décision de M. Fillon de maintenir sa candidature malgré l’enquête ouverte, M. Macron « pense que ça déroute beaucoup de gens à droite et au centre, compte tenu de leurs valeurs, parce qu’il a un projet qui s’est d’ailleurs progressivement transformé ».