Pour Benoît Hamon, Emmanuel Macron prépare « une France ingouvernable »
Pour Benoît Hamon, Emmanuel Macron prépare « une France ingouvernable »
Par Manon Rescan, Adrien Sénécat, Alexandre Pouchard
Invité de « L’Emission politique » sur France 2, le prétendant socialiste à la présidentielle a renoncé à son idée d’un revenu universel pour tous les 18-25 ans.
Benoît Hamon sur le plateau de L’Emission politique sur France 2, jeudi 9 mars. | GABRIEL BOUYS / AFP
Benoît Hamon déroule. Invité de « L’Emission politique » sur France 2, jeudi 9 février, le candidat des socialistes et des écologistes à l’élection présidentielle a martelé ses thématiques de prédilection. Raréfaction du travail, taxation des robots, interdiction des pesticides, légaliser l’euthanasie… Le député des Yvelines a rejoué la partition qui lui a permis de remporter, en janvier, la primaire à gauche, revenant, en outre, sur ses nouvelles propositions sur l’Europe, présentées dans un entretien au Monde, jeudi.
Mais à quarante-cinq jours du premier tour, le socialiste est aussi contraint à l’ajustement et à l’affrontement, revenant sur les contours de sa proposition phare : la mise en place du revenu universel. Il est aussi entré dans le match politique, contre Emmanuel Macron, d’abord, puis dans le face-à-face qui l’a opposé à Laurent Wauquiez, président Les Républicains de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Un revenu plus si « universel »
Le candidat socialiste a détaillé les nouveaux contours de sa proposition phare. Il s’est notamment présenté comme le candidat de « la feuille de paie », promettant un complément de revenus versé sur la fiche de paie pour « tout travailleur qui perçoit un salaire net jusqu’à 1,9 smic mensuel ». Prime qui serait de l’ordre de 200 euros par mois au niveau du smic.
Exit, en revanche, l’idée d’un revenu universel de 600 euros par mois pour tous les 18-25 ans, engagement qu’il avait pourtant défendu pendant la primaire socialiste. Le candidat entend désormais restreindre cette aide sous condition de ressources, avec un montant qui serait dégressif jusqu’à devenir nul pour toute personne percevant plus de 1,9 smic. Ainsi, un étudiant qui travaillerait un jour sur cinq se verrait attribuer une aide d’environ 500 euros nets, a-t-il expliqué.
Emmanuel Macron « marchepied de l’extrême droite » qui prépare « une France ingouvernable »
Isolé dans une campagne accaparée par l’affaire Fillon, et distancé dans les sondages par Emmanuel Macron et le candidat de la droite, le socialiste a réservé ses coups les plus durs à l’ancien ministre de François Hollande. Il a fustigé le candidat d’une « aventure personnelle » qui « prépare une France ingouvernable ». « Allez-vous me dire comment Macron gouvernera de Robert Hue à Alain Madelin, avec des majorités différentes ? », a-t-il interrogé, estimant que « ce qui n’est pas raisonnable, c’est d’aller à la présidentielle sans savoir avec qui on gouvernera ». « Nous avons besoin d’un chef d’Etat qui fasse confiance à sa majorité parlementaire, ce sera mon cas », a-t-il poursuivi, craignant à l’inverse que l’arrivée de l’ancien ministre de l’économie à l’Elysée ne constitue « un marchepied pour le FN ».
« En tant que socialiste, je pense son projet dangereux, et en tant que démocrate je me mets à distance de ceux qui, dans une position messianique et christique, pensent détenir la solution. Je trouve cela très immature de sa part. »
Benoît Hamon s’est toutefois bien gardé de critiquer ceux qui, à l’instar de Bertrand Delanoë, viennent de décider de rejoindre le candidat d’En marche ! ; ou comme Claude Bartolone, n’hésitent plus à dire qu’ils pourraient voter pour lui. « Moi je suis candidat à l’élection présidentielle, je ne suis là pour couper des têtes », a-t-il éludé en début d’émission, préférant se féliciter des personnalités qui l’entourent et des élus qui le soutiennent. « De là où je viens, j’ai appris à me battre pour le bon et le mauvais y compris quand le vent est mauvais », a-t-il poursuivi, estimant que sa « responsabilité est d’abord vis-à-vis du peuple de gauche ». « J’ai le devoir d’être au second tour de l’élection présidentielle et de l’emporter », a-t-il ajouté.
Echange tendu avec Laurent Wauquiez sur la laïcité
« Vous êtes l’hologramme de Marine Le Pen, en masculin ! » L’invective de Benoît Hamon à Laurent Wauquiez, illustre la tension qui a rapidement gagné la discussion entre les deux hommes après un début d’échange courtois.
Le vice-président du parti Les Républicains et président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a accusé le candidat socialiste « d’accommodements sur le sujet du communautarisme », rappelant notamment que M. Hamon s’était opposé à la loi sur l’interdiction du voile intégral en 2010. Le candidat socialiste a assuré ne pas vouloir revenir sur cette loi et a répliqué en accusant la droite d’avoir, « avec Nicolas Sarkozy, mis sous tension la société française ».
« Il fallait répondre au péril du terrorisme et de l’islam radical en évitant de faire des amalgames. Vous avez choisi de vous attaquer non pas à l’islam radical mais à l’islam. Vous vous trompez de cible. Vous avez fait de l’attaque contre l’islam un fond de commerce électoral. »
Dans un moment où « des groupes religieux testent la République », Benoît Hamon a assuré qu’il serait « intransigeant à l’égard de ceux voulant remettre en cause la liberté de conscience mais également d’opinion, même religieuse ».