En Allemagne, le projet de loi visant à expulser les migrants maghrébins a été rejeté
En Allemagne, le projet de loi visant à expulser les migrants maghrébins a été rejeté
Le Monde.fr avec AFP
Les Verts et la gauche radicale, Die Linke, se sont opposés à rendre plus facile le déboutement des demandeurs d’asile issus de l’Algérie, de la Tunisie et du Maroc.
Angela Merkel à Berlin le 23 décembre 2016. | MARKUS SCHREIBER / AP
La chambre haute du Parlement allemand a rejeté, vendredi 10 mars, un projet de loi visant à débouter plus facilement les demandeurs d’asile algériens, marocains et tunisiens, un revers pour la chancelière Angela Merkel qui veut réduire le nombre de migrants.
Adopté en 2016 par les députés de la chambre basse, le Bundestag, ce texte controversé n’a pas trouvé de majorité au sein du Bundesrat, qui représente les Etats régionaux (Länder), notamment en raison de l’opposition des Verts et de la gauche radicale Die Linke. Le Bundestag ou le gouvernement peuvent toutefois faire appel de cette décision devant une commission spéciale.
Concrètement, le gouvernement voulait inscrire ces trois pays du Maghreb sur sa liste des pays dits « sûrs », ce qui aurait permis aux services de l’immigration de rejeter de façon quasi-automatique les demandes d’asile de leurs ressortissants.
Un sujet sensible depuis 2015
Le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, a déploré la décision du Bundesrat, évoquant « un mauvais jour dans nos efforts pour stopper l’immigration illégale », alors que l’Allemagne, qui a accueilli plus d’un million de demandeurs d’asile depuis 2015, cherche à renvoyer plus rapidement ceux qui ont été déboutés.
Le sujet est très sensible depuis les agressions commises sur des femmes le soir du Nouvel An 2015 à Cologne, attribuées par la police à des hommes originaires d’Afrique du Nord et, surtout, depuis l’attentat perpétré en décembre 2016 à Berlin (12 morts) par le Tunisien Anis Amri. Celui-ci avait été débouté de sa demande d’asile mais n’avait jamais été expulsé d’Allemagne en raison de quiproquos administratifs.
Les associations de défense des droits humains avaient dénoncé l’inscription de ces pays sur cette liste de pays « sûrs » en raison notamment des discriminations visant les homosexuels, les atteintes à la liberté d’expression et les cas de torture qui y sont recensés.