Aux Etats-Unis, les antidrones ont la gâchette facile
Aux Etats-Unis, les antidrones ont la gâchette facile
Par Jean-Michel Normand
Un sénateur de l’Oklahoma propose d’autoriser le tir à vue en cas de survol d’une propriété privée.
Aux Etats-Unis, les incidents mettant en cause des drones se sont multipliés. | Drew Angerer / AFP
Haro sur les drones
Tirer à vue, sans sommation, sur un drone qui s’aventurerait au-dessus de sa propriété privée… Ralph Shortey, élu républicain au sein du Sénat de l’Oklahoma vient de déposer une proposition de loi qui, si elle était adoptée, permettrait au propriétaire ou au locataire d’un terrain de faire du ball-trap sur un appareil sans pilote venu s’aventurer au-dessus de chez lui. « Quiconque détruirait ou endommagerait (…) un drone situé au-dessus de l’espace de sa propriété (…) ne serait pas tenu civilement responsable » dit le texte.
Shooting Down Drone Attempt
Durée : 00:36
La peur des paparazzi
Cette proposition fait suite à une série d’incidents, parfois relayés par des vidéos, qui ont vu certains propriétaires à la gâchette facile – des femmes tout autant que des hommes, semble-t-il – faire feu sur des drones.
Au début de mars, une vidéo tournée par un drone à Washington a connu un vif succès. On peut y voir une femme mettant en joue le drone qui filme dans sa direction. Une controverse juridique s’est installée sur le fait de savoir si le drone, qui ne se trouvait pas au-dessus de sa propriété, portait ou non atteinte à sa vie privée.
En juin 2016, une femme de 65 ans, a carrément descendu un appareil au-dessus de sa ferme de Virginie. Jennifer Youngman a raconté que, de retour de l’église, alors qu’elle nettoyait ses deux fusils, elle a aperçu deux hommes faisant voler un drone. Convaincue qu’il s’agissait de paparazzi – son voisin est l’acteur Robert Duvall –, elle a visé l’appareil et l’a atteint, provoquant sa chute.
Par ailleurs, un droniste du Kentucky dont l’appareil avait été « descendu » en juillet 2015 a porté plainte devant les autorités fédérales ; il réclame qu’on l’indemnise de dommages qu’il évalue à 1 500 dollars, alors que le tireur, qui s’autoproclame « le tueur de drones » a été relaxé en première instance.
Un drone (en situation régulière) au-dessus de Washington. | ROBERT MACPHERSON / AFP
Le garde-fou de la FAA
Pourra-t-on tirer à vue sur les drones dans l’Oklahoma ? Rien n’est moins sûr. Une telle autorisation irait droit à l’encontre des prérogatives de la très sourcilleuse Federal Aviation Administration (FAA). L’aviation civile américaine est en effet chargée de la surveillance de l’espace aérien et rien ne peut se décider sans elle.
Interrogé par le site ArsTechnica, un des représentants de la FAA rappelle en outre que tirer sur un drone pourrait avoir des conséquences très lourdes en matière de sécurité. Le sénateur Shortey croit pourtant dur comme fer que sa proposition sera examinée très rapidement. Jusqu’alors, les seuls légalement autorisés à mettre un drone hors état de nuire sont les services de secours ou les pompiers de Californie et de Louisiane.