Le fournisseur de télévision par satellite angolais ZAP, propriété de la fille du président José Eduardo dos Santos, a interrompu, mardi 14 mars, la diffusion de deux chaînes portugaises qui ont récemment diffusé des reportages critiquant le régime de Luanda.

Ces deux chaînes, SIC Noticias et SIC Internacional, « ne font plus partie du bouquet diffusé par la ZAP à la suite d’un changement de la grille des programmes », a indiqué à l’AFP un représentant de ZAP, Antonio Miguel. Ce représentant s’est refusé à tout autre commentaire sur cette décision et ses motivations.

En novembre 2016, la chaîne SIC avait fait des vagues dans les rangs du pouvoir angolais en diffusant un reportage dénonçant la corruption du régime dos Santos intitulé sans détour « Angola, un pays riche de 20 millions de pauvres ».

Au début du mois, le même média a diffusé une autre enquête mettant en cause le chef de l’Etat angolais dans l’un des nombreux versants du scandale financier qui a provoqué la faillite de l’empire bancaire portugais Espirito Santo en 2014.

« SIC est étrangère à la décision de retirer SIC Internacional et SIC Noticias de la plateforme de distribution ZAP en Angola et au Mozambique », a indiqué la télévision portugaise dans un bref communiqué publié sur Facebook.

Interrogé par l’AFP sur les motifs de ce retrait, un porte-parole du groupe Impresa, propriétaire de SIC, a ajouté que « toutes les questions doivent être adressées à ZAP ».

« Nord-Coréens »

L’opposition angolaise a dénoncé une censure dans la décision de ZAP de retirer les deux chaînes portugaises de son bouquet. « Nous commençons à ressembler aux Nord-Coréens. Nous ne consommons que ce que le régime choisit », a déploré auprès de l’AFP une journaliste, Graça Campos.

En service depuis 2010, ZAP est le plus grand opérateur de télévision par satellite d’Angola. Il est la propriété d’Isabel dos Santos, la fille du chef de l’Etat, présentée comme la femme la plus riche d’Afrique, par ailleurs patronne de la compagnie pétrolière nationale Sonangol.

Au pouvoir depuis 1979, José Eduardo dos Santos est critiqué par ses adversaires pour avoir mis l’Etat et l’économie en coupe réglée, notamment en offrant à sa famille et à ses proches la direction de nombreuses entreprises.

L’Angola figure au 164e rang sur 176 pays au dernier classement de l’ONG Transparency International sur la corruption.