Baptiste Serin, le 11 mars contre l’Italie. | ALBERTO PIZZOLI / AFP

Après avoir fait « un pas en avant », « l’intérêt est de ne pas en faire deux en arrière », expliquait Guy Novès, samedi 11 mars à l’issue de la victoire des Bleus à Rome (40-18), pour évoquer l’épilogue de ce Tournoi des six nations. Ce dernier match, à domicile contre le Pays de Galles, fait presque office de juge de paix pour le XV de France : avec deux succès (Écosse et Italie) pour deux défaites (Angleterre et Irlande), les Bleus « en cas de victoire (contre les Gallois) pourraient avoir un bilan cohérent ». Et répondre à l’objectif minimum fixé par le président de la Fédération française de rugby (FFR) Bernard Laporte.

Du point de vue du classement, le XV de France pourrait même finir sur le podium, pour une première dans le Tournoi depuis… 2011. Le hic, c’est que c’est aussi de cette année-là que date la dernière victoire des Bleus contre le XV du Poireau, lors de la demi-finale de la Coupe du monde (9-8).

Enfin, un succès samedi permettrait au XV de France de figurer au 8e rang du classement mondial, et donc dans le deuxième chapeau lors du tirage au sort de la Coupe du monde 2019 au Japon, le 10 mai, ce qui diminuerait la probabilité d’hériter d’un « groupe de la mort ».

La politique de la continuité

Autant dire que ce choc contre un XV du Poireau impressionnant lors de sa victoire contre l’Irlande (22-9) recèle suffisamment d’enjeux sportifs pour faire oublier, ne serait-ce qu’un instant, le nouveau feuilleton qui s’est ouvert lundi avec l’annonce du projet de fusion entre le Stade Français Paris et le Racing 92.

Comme depuis le début du Tournoi, le sélectionneur n’a modifié qu’à la marge son équipe de départ, avec un seul changement, qui plus est « logique » selon lui, le retour de Sébastien Vahaamahina en deuxième ligne, après avoir déclaré forfait en Italie en raison d’une blessure au dos. Depuis le début de la compétition, il n’a en effet effectué, d’un match à l’autre, au maximum que trois changements sur choix sportif. Et à une seule reprise, après la défaite en Irlande le 25 février (9-19).

« On ne peut pas demander à travailler dans la continuité et finalement changer à tout moment. Ce n’est pas une récompense de finir le Tournoi avec la même équipe, mais un devoir » a expliqué Novès. « Et les joueurs qui ont donné le meilleur ces dernières semaines, hormis les blessés, les retours, méritaient quand même de représenter la France » a ajouté le sélectionneur, liant « les progrès » des Bleus selon lui au « fait de travailler dans la continuité ». « On sent, de l’intérieur, en voyant les joueurs au quotidien dans le travail, l’entraînement, que certaines situations sont de mieux en mieux comprises » a-t-il développé.

La charnière s’installe

A l’heure du bilan, dix joueurs auront même commencé - sauf blessure d’ici samedi - les cinq matches du Tournoi, soit les deux-tiers de l’équipe : Cyril Baille, le capitaine Guilhem Guirado, Yoann Maestri, Kévin Gourdon, Louis Picamoles, Baptiste Serin, Camille Lopez, Rémi Lamerat, Gaël Fickou et Noa Nakaitaci. Cette stabilité, Novès l’a plutôt revendiquée depuis sa prise de fonctions, mais n’avait pu vraiment l’appliquer auparavant, principalement en raison des tests effectués en début de mandat et de quelques blessures.

C’est particulièrement le cas concernant la charnière, régulièrement exposée aux critiques et modifiée ces dernières années. Après avoir testé sept associations de demis lors des dix premiers matches de son mandat, en 2016, Novès a ainsi installé depuis le début de l’année le duo Serin-Lopez, aligné samedi pour la cinquième fois de suite. C’est la première fois depuis le Grand Chelem en 2010, et la paire Morgan Parra-François Trinh-Duc, qu’un sélectionneur titularise la même charnière pendant tout le Tournoi.

Lopez, qui a résisté au retour de blessure de Trinh-Duc, a évidemment apprécié jeudi cette stabilité : « Le fait de travailler sur tout un Tournoi ensemble, d’être associé sur tout un Tournoi, de travailler tous les jours quasiment ensemble c’est forcément important. » « C’est en enchaînant des matches de ce niveau-là qu’on va le plus progresser, a ajouté l’ouvreur de Clermont. On va acquérir de l’expérience et continuer à grandir. » Une victoire contre le Pays de Galles, samedi à Saint-Denis, en serait la confirmation tant attendue.