Benoît Hamon en meeting à Paris : « Le parti de l’argent a trop de candidats »
Benoît Hamon en meeting à Paris : « Le parti de l’argent a trop de candidats »
Le candidat socialiste a tenu un discours devant environ 20 000 personnes. Il a notamment visé ses adversaires Emmanuel Macron, François Fillon et Marine Le Pen.
Au meeting de campagne de Benoît Hamon, candidat socialiste à la présidentielle, à l’AccorHotels Arena à Paris, dimanche 19 mars. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR "LE MONDE"
C’était un moment attendu dans sa campagne. Benoît Hamon a prononcé un discours d’environ 1 h 30, dimanche 19 mars, à l’AccorHotels Arena (anciennement Paris-Bercy). Il s’est exprimé devant 20 000 personnes, selon les chiffres de son équipe, qui assure que 5 000 autres spectateurs étaient rassemblées à l’extérieur de la salle et regardaient le discours sur un écran. « Tout commence aujourd’hui, tout commence avec vous, tout commence par vous », a clamé le candidat socialiste à la tribune, avant d’entamer son discours.
- « Le parti de l’argent a trop de candidats »
Visant sans les citer ses adversaires Emmanuel Macron, François Fillon et Marine Le Pen, M. Hamon a dénoncé la présence importante dans l’élection présidentielle du « parti de l’argent » :
« Je veux d’abord le dire solennellement : le parti de l’argent a trop de candidats dans cette élection. Ce parti de l’argent a plusieurs noms, plusieurs visages, il a même plusieurs partis. »
Il faisait là une allusion à la célèbre tirade de François Hollande, lors de son discours du Bourget en 2012, contre la finance, un « ennemi » qui n’a ni « nom », ni « visage ». « L’argent a mis son emprise sur cette élection », a affirmé M. Hamon. « L’un nous dit, moderne, comme le père [orléaniste François] Guizot sous la Restauration : “Enrichissez-vous” », a-t-il lancé, ciblant M. Macron. « Les deux autres pensent “enrichissez-nous” », a-t-il poursuivi, visant cette fois François Fillon et Marine Le Pen.
Il a critiqué une « campagne polluée par l’argent ».
« Ils ont peut-être le sens des affaires, moi j’ai le sens de l’Etat. »
M. Hamon a continué d’attaquer Emmanuel Macron et a rejeté « un pays où l’argent serait roi, voire la seule raison d’être » et « un pays où les alternances démocratiques deviendraient sans objet, puisque gauche et droite travailleraient ensemble (…) au service des gagnants ». Il a raillé plusieurs déclarations chocs du candidat d’En marche !.
« Vous êtes chômeurs ? Créez votre entreprise ! Vous êtes pauvres ? Devenez milliardaires ! Vous n’avez qu’un T-shirt ? Allez vous acheter un costume, diable ! »
- Hamon contre le vote utile
Alors que le début de sa campagne est marqué par les défections de socialistes lui préférant Emmanuel Macron, plus à même selon eux de faire échouer Marine Le Pen, Benoît Hamon a lancé :
« Ils prétendent faire barrage au Front national pour demain mais ils construisent un pont pour après-demain. »
Il s’en est pris à la notion de « vote utile », jugeant que « l’indifférenciation est dangereuse pour la démocratie ». M. Hamon a par ailleurs dit « tenir bon dans la tempête », même si « certains ont quitté le navire dès le premier zéphyr ». « Ces dernières semaines n’ont ébranlé aucune de mes convictions, elles les ont confirmées. »
Une déclaration faite alors que l’ancien premier ministre Manuel Valls a publié ce dimanche dans Le JDD une tribune dans laquelle il éreinte le programme de M. Hamon et rejette toute « trahison ». Benoît Hamon a regretté le choix de M. Valls de ne pas le parrainer, dénonçant « ce manquement à la parole donnée, ce mépris de l’expression démocratique qui exaspère tant le peuple ».
- Le candidat s’en prend aux « tartuffes » qui ont mis en place la « clause Molière »
Benoît Hamon a vivement critiqué les promoteurs de la « clause Molière », qui oblige les ouvriers à parler le français sur les chantiers.
« Tartuffe Wauquiez, tartuffe Pécresse, tartuffe François Fillon. Et tout ça pour plaire à qui ? A Marine Le Pen ! »
« Comment aurait-on reconstruit la France sans les Polonais, les Espagnols, les Portugais, les Marocains, les Algériens ? », a-t-il demandé.