Le vote sur l’Obamacare reporté, Donald Trump pour l’instant en échec sur la santé
Le vote sur l’Obamacare reporté, Donald Trump pour l’instant en échec sur la santé
Par Gilles Paris (Washington, correspondant)
Le vote du Congrès sur l’abrogation et le remplacement de l’ObamaCare prévu jeudi a été reporté en raison de nombreuses voix discordantes au sein du Parti républicain.
Le speaker de la Chambre des représentants Paul Ryan (à gauche), a renoncé au vote prévu jeudi | ALEX WONG / AFP
Donald Trump, qui se flatte régulièrement de sa capacité à réussir des « deals », a échoué jeudi 23 mars à convaincre les différentes factions du Parti républicain de soutenir la réforme de la protection sociale qui doit remplacer celle mise en place par son prédécesseur, l’ObamaCare. Faute de garanties sur une majorité à la Chambre des représentants, le speaker (président) Paul Ryan a préféré renoncer au vote prévu en fin de journée. Cette date ne devait rien au hasard puisque Barack Obama avait signé le texte de loi il y a précisément sept ans. Après avoir tenté vainement de l’abroger pendant ses deux mandats, les Républicains auraient rêvé y parvenir ce jeudi, en vain.
Deux heures plus tôt, au cours de son briefing quotidien, le porte-parole de M. Trump, Sean Spicer, avait pourtant exclu un report. « Cela va passer, voilà », avait-il affirmé, excluant un éventuel « plan B ». Confiant, il avait assuré que la réunion organisée le matin même entre le président et des élus récalcitrants avait permis d’en gagner quelques-uns à cette cause, même s’il s’était gardé de donner le moindre nom.
L’aile droite républicaine, représentée par le Freedom Caucus, continue de juger insuffisantes les modifications apportées au projet. Pour ces élus, la version du texte qu’on leur propose reste trop proche de l’ObamaCare. M. Ryan sait pourtant que sa marge de manœuvre est limitée : accéder aux demandes des radicaux risque de détourner les élus modérés, alors que le Sénat compte déjà réécrire le texte dans un sens opposé aux velléités du Freedom Caucus.
24 à 26 millions personnes non assurées en plus
Le 20 janvier, aussitôt après son arrivée à la Maison Blanche, le premier acte politique de Donald Trump avait été la signature symbolique d’un décret contre l’ObamaCare. Un mois plus tard, le président avait cependant avoué avec candeur, à l’occasion de la réception de gouverneurs, qu’il s’agissait d’« un sujet incroyablement complexe ». « Personne ne savait que le système de santé pouvait être aussi compliqué », avait-il ajouté contre toute évidence.
Au cours des derniers jours, M. Trump n’a pourtant pas ménagé ses efforts pour tenter de dégager une majorité, usant alternativement de la menace voilée et de cajoleries vis-à-vis des élus républicains. Mardi, à l’occasion d’une visite au Capitole, il avait ainsi assuré que le Parti républicain risquerait de perdre beaucoup de sièges lors des élections de mi-mandat, en 2018, s’il ne parvenait pas à tenir cette promesse de campagne.
Le texte en discussion soulève cependant de nombreuses critiques. Un office d’évaluation du Congrès a estimé que sa version initiale entraînerait une forte augmentation du nombre de personnes non assurées, de l’ordre de 24 à 26 millions. Un sondage de l’université Quinnipiac publié jeudi montre qu’une petite minorité de personnes interrogées soutient la réforme républicaine (17 %, contre 56 % qui sont d’un avis opposé). Les électeurs républicains y sont plus favorables mais leur soutien n’est pas massif (41 %, contre 24 % qui y sont opposés et 35 % de sans opinion). Cette réforme est majoritairement rejetée dans toutes les catégories d’âges, de niveau d’études, et de revenus.