Jeudi 23 mars, le candidat des Républicains à la présidentielle, François Fillon, est l'invité de « L’Emission politique » sur France 2. | LAURENCE GEAI POUR LE MONDE

François Fillon était l’invité de « L’Emission politique », jeudi 23 mars sur France 2. Outre les propositions de son programme ou son échange tendu avec « l’invitée mystère », l’écrivaine Christine Angot, le candidat des Républicains s’est défendu sur les affaires qui lui valent d’avoir été mis en examen le 14 mars pour « détournement de fonds publics, abus de biens sociaux, complicité et recel de ces délits, trafic d’influence et manquement aux obligations déclaratives ». Le député de Paris a également accusé François Hollande d’être à l’origine des fuites sur ces dernières. Retour sur les principaux points de son intervention.

  • Sur les affaires judiciaires dont il est l’objet

« Ça fait deux mois que la presse déverse sur moi et ma famille des torrents de boue. Ça fait trente-six ans que je me consacre à la chose publique, est-ce qu’une seule fois on a mis en cause mon intégrité ? Jamais, s’est indigné François Fillon. L’image qui a été véhiculée par la presse m’a souvent fait penser à Pierre Bérégovoy [qui s’était suicidé en 1993 après avoir été mis en cause dans une affaire de prêt]. »

« J’ai commis des erreurs, je les ai confessées. L’emploi de mon épouse n’est pas un sujet, c’est un emploi légal et correspondant à quelque chose d’assez général dans le monde politique. Qu’est-ce qu’on me reproche vraiment ? Pourquoi cette affaire a pris de l’importance ? »

Le candidat a en outre démenti avoir touché 50 000 dollars via sa société de conseil 2F, comme l’affirme Le Canard Enchaîné, pour mettre en relation un homme d’affaires libanais et le président russe Vladimir Poutine. C’est « un mensonge éhonté », a-t-il assuré, expliquant avoir « effectué un travail de conseil pendant des mois » pour que l’entreprise « Future Pipe Industries » (FPI) « s’implante », sans plus de précision.

Quant aux costumes de luxe, d’une valeur totale de 13 000 euros, offerts par son « ami » Robert Bourgi – un avocat proche des réseaux de la Françafrique –, François Fillon a reconnu qu’il avait « eu tort » de les accepter. « J’ai fait une erreur de jugement », et « je les ai rendus », a assuré l’ex-premier ministre.

Le député de Paris, qui a affirmé mercredi 22 mars être la cible d’une machination, a, lors de l’émission, porté des accusations lourdes contre François Hollande, le rendant responsable d’être à l’origine des affaires qui le visent.

« Je vais mettre en cause le président de la République. Il y a un livre [Bienvenue Place Beauvau, écrit par les journalistes du Canard enchaîné Didier Hassoux et Christophe Labbé avec Olivia Recasens] qui sort ces jours-ci qui explique comment François Hollande fait remonter écoutes judiciaires qui l’intéresse à son bureau, ce qui est une illégalité totale (…) Moi, ce soir, solennellement, je demande qu’il y ait une enquête d’ouverte sur les allégations qui sont portées dans ce livre, parce que c’est un scandale d’Etat. »

Des allégations aussitôt démenties et condamnées par le chef de l’Etat.

  • Sur ses propositions économiques

Interpellé tour à tour sur le plateau par une invitée, sans emploi depuis plusieurs années, et par Aurélie Filippetti, ex-ministre de la culture (2012-2014), sur les questions du chômage et de la baisse du nombre de fonctionnaires, François Fillon a déclaré vouloir « créer une dynamique de compétitivité ». Le candidat des Républicains propose ainsi « 40 milliards d’euros de baisse de charges sur les entreprises » et souhaite parallèlement favoriser le pouvoir d’achat. « Mon programme est celui qui peut permettre de créer le plus d’emplois dans notre pays », soutient-il.

Sur la réduction de son plan d’économies aux collectivités locales, de 20 milliards à 7,5 milliards d’euros, il a assuré vouloir « prendre des initiatives maintenant pour baisser démocratiquement la dépense publique. Je propose une baisse de 1,5 % par an. Je sais que c’est difficile à admettre, ce n’est pas une politique facile. »

« Je propose de revenir au nombre d’emplois publics en 2002, quand Jospin était premier ministre. On n’avait pas l’impression que le pays était sous-administré. »

« Vous semblez déconnecté de la réalité, l’a interpellé Aurélie Filippetti. Vous prônez des économies massives qui sont irréalisables sur cinq ans. » « Ce que je propose est un gain de pouvoir d’achat pour les salaires les plus bas, a rétorqué François Fillon. Je ne veux pas que l’on continue à traîner une situation où on a neuf millions de chômeurs, six millions de pauvres. »

  • Sur l’attaque terroriste de Londres

Au début de l’émission, François Fillon a tenu à exprimer « [sa] solidarité avec le peuple britannique frappé par ces actes barbares que nous avons connu à maintes reprises sur notre territoire ».

« Nous sommes face à une guerre qui va durer longtemps. Cette bataille contre le terrorisme se joue d’abord à l’extérieur, en Irak, au Sahel (…) Mais nous ne pouvons plus être les gendarmes du monde, il faut faire attention à ne pas engager nos forces partout. »

« Ma priorité, c’est d’éradiquer le totalitarisme islamique là où il est en train de faire son nid […], a fait valoir le candidat à l’Elysée. C’est pour ça que je demande depuis des années une grande coalition mondiale avec les Etats — qu’on les aime ou non — qui sont capables de participer à ce combat-là. » François Fillon a notamment appelé « tous les pays européens à faire un effort supplémentaire » et en a profité pour critiquer la proposition d’Emmanuel Macron d’instituer un service militaire d’un mois : « C’est beaucoup d’argent pour des colonies de vacances », a-t-il ironisé.