Boom des événements smart cities en Europe
Boom des événements smart cities en Europe
Par Guillaume Bermond
Conférences, congrès et symposiums se multiplient en Europe de l’Ouest mais aussi de l’Est cette année. Tant et si bien qu’une concurrence s’installe entre villes pour les accueillir.
Au Mobile World Congress de Barcelone, Espagne, le 28 février 2017. | PAUL HANNA / REUTERS
Le concept de ville intelligente a le vent en poupe. En témoigne le nombre de salons, congrès, colloques organisés ou prévus cette année au sein des pays européens. Un des rares sites à les recenser, Brussels Smart City, portail de la capitale belge, en compte quinze, nombre auquel il faut notamment ajouter le congrès mondial (Smart City Expo World Congress) organisé tous les ans à Barcelone depuis 2011. Au total, une vingtaine d’événements d’envergure internationale se tiendront en Europe en 2017.
Nouveaux venus
Parmi eux, figurent plusieurs nouveaux venus qui affichent chacun la même volonté de s’implanter durablement dans le paysage européen. Créée en 2008, l’Eurométropole de Lille (Lille-Kortrijk-Tournai) a ainsi inauguré, le 14 mars, un premier rendez-vous sur les villes intelligentes. « D’une part, la demande est forte, des entreprises flamandes notamment, et d’autre part, l’Eurométropole veut sensibiliser les maires français et belges aux smart cities, renforcer les partenariats publics-privés privés et, à terme, créer un réseau transfrontalier des acteurs du numérique », explique Séverine Flahaut, responsable coordination et communication à l’Eurométropole
De son côté, Bruxelles a lancé le 8 mars, par l’entremise de son portail, un cycle de six événements, dont le premier volet a été consacré aux transformations du secteur éducatif à l’ère du numérique. « L’objectif est de positionner Bruxelles dans le top 5 des smart cities en Europe », avance Tony De Coux, porte-parole du Centre informatique pour la région bruxelloise (CIRB), l’un des deux organismes publics chargés de l’exploitation du portail Brussels Smart City.
La capitale belge a par ailleurs accueilli, le 28 mars, la première édition européenne du Data Innovation Day, consacré à la donnée et aux problématiques politiques et éthiques qui en découlent. L’événement était organisé, depuis quatre ans, à Washington mais, pour Nick Wallace, l’un des organisateurs, « il était nécessaire de venir en Europe, où les questions relatives aux données et à leur utilisation sont de plus en plus au cœur de l’actualité ».
Une fréquentation croissante
Qu’ils soient organisés par des acteurs publics ou privés, les événements centrés sur les villes intelligentes ont été de plus en plus courus ces dernières années et la tendance devrait perdurer. Au congrès mondial de Barcelone sur les smart cities, le nombre de visiteurs a plus que triplé en six ans, passant de 6 180 en 2011 à 16 000 lors de sa dernière édition en novembre 2016. Le nombre de stands a, lui, quintuplé pour atteindre un total de 591, avec une participation croissante des municipalités en tant que telles. « Nous sommes passés d’un événement assez axé sur les entreprises à un congrès davantage centré sur les villes », a indiqué Pilar Conesa, directrice de la Smart City Expo World Congress de Barcelone. La dynamique est similaire pour le congrès Big Data, organisé depuis 2012 à Paris : il a enregistré plus de 13 000 entrées en 2017, contre seulement 3 200 en 2014.
A Lyon, le SidO (Showroom Professionnel de l’Internet des Objets) s’apprête à tenir sa troisième édition, les 5 et 6 avril, et espère attirer davantage qu’en 2016 (5 300 visiteurs et 200 stands). La capitale des gaules accueillera également, du 5 au 7 juillet, un séminaire international sur le thème des métropoles du monde « épicentres d’un New deal », organisé par La Fabrique de la cité, un think tank sur l’innovation urbaine créé à l’initiative du groupe Vinci. La Suisse prendra le relais, le 14 septembre, avec la quatrième édition d’une journée consacrée aux villes intelligentes à Genève, sous l’angle « Human Smart Cities ».
A Sofia et Prague aussi
Cet engouement n’est pas l’apanage de l’Europe de l’Ouest, souvent considérée comme la zone la plus en avancée dans les innovations urbaines. L’événement smart cities qui se tient tous les ans depuis 2013 à Sofia (Bulgarie), a vu son audience doubler depuis sa création. Lors de sa dernière édition, en 2016, les trois-quarts des visiteurs et la majorité des intervenants étaient bulgares.
En Pologne, le Smart City Forum de Varsovie a fêté son cinquième anniversaire les 8 et 9 mars et en République tchèque, Prague accueillera en mai la troisième édition d’un symposium sur le même thème. Pour Michel Sudarskis, secrétaire général de l’Association internationale de développement urbain (INTA, selon son sigle en anglais), « le boom des smart cities touche l’Europe de manière homogène : il n’y a pas de différence liée à la zone géographique ou à la couleur politique des pouvoirs en place ».
Une concurrence entre villes
Accueillir un événement smart cities devient un enjeu en soit, outre les retombées économiques directes attendues en matière d’hébergement et de restauration. Et la concurrence devient rude entre villes. Aux Pays-Bas, l’édition 2017 de Smart & Safe City, sommet centré sur le volet sécuritaire des villes intelligentes, se tiendra à La Haye, les 7 et 8 juin : la municipalité a convaincu les organisateurs de délocaliser le sommet dans ses murs, alors que les six éditions précédentes s’étaient tenues à Amsterdam.
Consacré à l’aspect écologique des villes intelligentes, le sommet Smartgreens a, quant à lui, choisi de se dépayser chaque année. « Les villes intéressées nous contactent, et nous choisissons parmi elles », explique l’une des organisatrices. L’événement annuel, qui se tiendra à Porto (Portugal) du 22 au 24 avril, aura ainsi fait étape dans cinq villes et quatre pays en six éditions.
« La quasi-totalité des villes européennes de plus de 100 000 habitants se lancent dans des projets intelligents », constate le Nord-Américain John Rossant, fondateur de News Cities Foundation, une ONG qui se consacre à l’avenir des villes et de ses habitants. A ses yeux, « il n’y a pas d’autre endroit au monde avec une telle concentration d’acteurs ayant conscience des possibilités qu’offre la révolution numérique à la ville ».