La manifestation pro-palestinienne prévue samedi à Paris aura bien lieu, malgré les inquiétudes
La manifestation pro-palestinienne prévue samedi à Paris aura bien lieu, malgré les inquiétudes
Le Monde.fr avec AFP
La maire Anne Hidalgo et le CRIF redoutent un rassemblement « antisémite ». La préfecture de police a annoncé qu’elle ne l’interdisait pas mais que le dispositif de maintien de l’ordre serait renforcé.
Des manifestants pro-palestiniens dans les rues de Paris, le 10 octobre 2015. | MATTHIEU ALEXANDRE / AFP
La manifestation pro-palestinienne prévue samedi 1er avril à Paris aura bien lieu. La préfecture de police a annoncé vendredi qu’elle ne l’interdisait pas, malgré les inquiétudes exprimées notamment par la maire Anne Hidalgo et le CRIF , redoutant un rassemblement « antisémite ».
Les organisations CAPJPO-EuroPalestine et Droits Devant ont déposé une déclaration de manifestation auprès de la préfecture de police de Paris (PP) pour « célébrer la résistance palestinienne à l’occupation et à la colonisation de l’occupant israélien » et « exiger des sanctions », à 14 heures sur la place du Châtelet.
Dispositif renforcé
Dans un communiqué publié vendredi soir, la PP a fait savoir, après un « examen particulièrement attentif » des demandes d’interdiction, qu’elle n’interdisait pas ce rassemblement, tout en reconnaissant les « très vives inquiétudes notamment au sein de la communauté juive ».
« La déclaration (de manifestation) qui a été transmise à la préfecture de police ne comporte pas d’éléments d’appels publics et directs au racisme et à l’antisémitisme. »
De plus, « une menace grave de trouble à l’ordre public ne peut être caractérisée à l’heure actuelle », a-t-elle estimé.
La préfecture a toutefois annoncé « un dispositif renforcé de maintien de l’ordre ». Les policiers ont reçu pour consigne de rapporter à la justice les éventuels discours ou écrits qui appelleraient « au boycott de l’Etat d’Israël ». « Si des propos ou écrits racistes ou antisémites étaient constatés », des interpellations seraient effectuées, a-t-elle ajouté.
« Une offense antisémite »
Plus tôt, la maire de Paris Anne Hidalgo avait indiqué avoir écrit vendredi au préfet pour « attirer (sa) vigilance » sur ce rassemblement.
« Quelles que soient les positions de chacun sur le conflit israélo-palestinien, cet appel peut être considéré comme une offense antisémite publique aux juifs parisiens », a écrit la maire PS, évoquant également des risques de « graves troubles à l’ordre public ».
Avant elle, le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) avait aussi exprimé ses craintes. Sur sa page Facebook, le directeur du CRIF , Robert Ejnes a déclaré :
« Un collectif appelle samedi à Paris à une manifestation pro-palestinienne, pour la “séparation du CRIF et de l’Etat”, pour le “boycott d’Israël”, en un mot, une manifestation potentiellement “antisémite” »
« Mais, à chaque fois le scénario est connu : la manifestation est déclarée en soutien au peuple palestinien puis rapidement des militants appellent au boycott d’Israël, à l’apartheid et, depuis peu, à la “séparation du CRIF et de l’Etat”. Pourtant, tous savent que, lorsqu’on dit CRIF, ce n’est pas l’institution que l’on vise, mais bien ce qu’elle représente, les Juifs », ajoutait-il.
Boycott
Mardi, l’élue de Paris et députée LR Nathalie Kosciusko-Morizet avait demandé sur Twitter l’interdiction de la manifestation, en rappelant un vœu en ce sens voté en Conseil de Paris à l’initiative de son groupe.
.@prefpolice Il faut faire respecter notre vœu voté en #ConseildeParis. Non @Le_CRIF et l'Etat ne sont pas rattaché… https://t.co/An8V0ZgOca
— nk_m (@N. Kosciusko-Morizet)
Mme Kosciusko-Morizet avait en février alerté le préfet de la « multiplication inacceptable des actions de promotion du “boycott” de l’Etat d’Israël, notamment celles menées par le mouvement BDS ».
Ce mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions, associé à l’appel pour la manifestation de samedi, milite en faveur d’un boycott économique, culturel mais aussi scientifique d’Israël jusqu’à la fin de l’occupation des Territoires palestiniens.