Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et le président américain, Donald Trump, à Washington, le 15 février. | SAUL LOEB / AFP

Levé aux aurores, Benyamin Nétanyahou a été le premier dirigeant à se féliciter des frappes américaines. Cette promptitude indique que les autorités israéliennes étaient certainement informées des intentions de Washington. Dans un communiqué, le premier ministre a précisé qu’« Israël soutenait pleinement la décision du président Trump et espérait que ce message résolu, face aux actions horribles du régime Assad, résonnera non seulement à Damas, mais à Téhéran, à Pyongyang et ailleurs ».

Yaakov Amidror, ancien conseiller pour la sécurité auprès de M. Nétanyahou (2011-2013), considère que l’administration Trump sonne le « retour » américain dans le monde, forte de l’option militaire si nécessaire, en rupture avec l’ère Obama. « C’est aussi un message aux Russes : vous n’êtes plus seuls, ni en Syrie ni au Moyen-Orient, poursuit-il. Et c’est un message à Assad lui-même, qui se pensait sous la protection russe et iranienne, pouvant agir à sa guise. »

Les Israéliens habituellement en retrait

Cet épisode s’accompagne d’une tension inhabituelle entre Israël et la Russie. Benyamin Nétanyahou et Vladimir Poutine se sont entretenus par téléphone, jeudi. La Russie a peu apprécié la diligence israélienne pour accuser le régime syrien. Dans un entretien au Yediot Aharonot publié le même jour, le ministre de la défense, Avigdor Lieberman, a estimé que l’attaque d’Idlib, mardi, avait été conduite sur « ordre prémédité et direct du président syrien ». « Je le dis avec une certitude de 100 % », ajoutait-il, sans s’appesantir sur la nature des renseignements dont disposent les Israéliens.

Jusqu’à présent, les Israéliens ne tenaient pas à participer aux discussions sur l’avenir de la Syrie, mais rappelaient sans relâche leurs « lignes rouges » : aucun débordement ou tir frontalier, sur le plateau du Golan, annexé, sans réponse immédiate ; empêcher tout transfert d’équipements militaires lourds au Hezbollah libanais. Israël et la Russie ont mis en place un comité de coordination pour éviter tout incident majeur entre leurs forces. Mais en revendiquant publiquement ses raids aériens, en mettant en accusation le régime de Damas pour le massacre à l’arme chimique, Israël a rompu avec sa réserve formelle, irritant Moscou.

Selon le quotidien Haaretz de vendredi, M. Nétanyahou souhaiterait l’établissement de zones tampons, à la frontière syrienne avec Israël ainsi qu’à celle avec la Jordanie. Il se serait entretenu de cette idée, aux contours flous, avec l’administration américaine. Il s’agit notamment d’éviter toute présence permanente, très dangereuse pour Israël, de forces iraniennes ou du Hezbollah libanais.