Pour Marine Le Pen, « tout a été fait pour que nous perdions la guerre » contre le terrorisme
Pour Marine Le Pen, « tout a été fait pour que nous perdions la guerre » contre le terrorisme
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Au lendemain de la fusillade sur les Champs-Elysées qui a provoqué la mort d’un policier et en a blessé deux autres, candidats à la présidentielle et politiques continuent de réagir.
Au lendemain de la fusillade sur l’avenue des Champs-Elysées, à Paris, qui a provoqué la mort d’un policier et en a blessé deux autres, tandis que l’agresseur a été « abattu », candidats à la présidentielle et politiques continuent de réagir.
François Fillon a déclaré que le combat contre le « totalitarisme islamique » serait la priorité de son mandat s’il est élu.
« Voilà plusieurs années que j’affirme que nous sommes confrontés à un totalitarisme islamique. Je n’ai cessé d’alerter le gouvernement et mes compatriotes sur l’ampleur et la profondeur de ce totalitarisme », a-t-il souligné lors d’une déclaration à son QG de campagne. « Ce combat pour la sécurité et la liberté sera le mien. »
« Ma politique étrangère sera ciblée en priorité sur la destruction de l’Etat islamique », a poursuivi le candidat républicain, détaillant ensuite l’ensemble des mesures sécuritaires et pénales de son programme contre l’islamisme radical en France. « Nous sommes en guerre. Il n’y a aucune alternative, c’est eux ou nous », a-t-il conclu. L’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy est avec Marine Le Pen le candidat le plus en pointe contre le djihadisme et le radicalisme sunnite dans la campagne présidentielle.
Pour la candidate d’extrême droite, « tout a été fait pour que nous perdions la guerre » contre le terrorisme. Depuis son QG de campagne parisien, Mme Le Pen a déclaré :
« La guerre qui nous est menée est asymétrique, révolutionnaire (…), cette guerre nous est menée sans pitié et sans répit. Chacun comprendra que nous ne pouvons pas la perdre. Or depuis dix ans, sous les gouvernements de droite et de gauche, tout a été fait pour que nous la perdions. »
« Il faut s’attaquer à la racine du mal. C’est le fondamentalisme islamiste qui est l’idéologie qui arme ces terroristes », a réaffirmé Marine Le Pen peu après sur Radio France internationale. Mais sur « l’UOIF [Union des organisations islamiques de France], les mosquées radicales, les associations qui servent de vecteurs à cette idéologie », « rien n’a été fait depuis dix ans, pas depuis cinq ans », a ajouté la présidente du Front national, qui « ne croi[t] pas du tout » que cet attentat ait eu pour but d’influencer le résultat de l’élection.
« Je ne pense pas que ce soit pour peser sur l’élection présidentielle française qu’il y ait eu l’attentat de Saint-Pétersbourg, de Stockholm, de Londres » a-t-elle insisté vendredi matin.
« Il faut changer de dimension »
« Le temps des hommages est là » mais « cet énième attentat prouve (…) qu’il faut changer de dimension si l’on veut assurer la sécurité des Français », a déclaré de son côté sur CNews le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la France (DLF).
« Il faut redimensionner (…) notre outil de défense, notre outil de sécurité intérieure, nos règles pénales, nos services pénitentiaires, [avec un] plan d’investissements pour nos prisons [où l’on] mélange détenus de droit commun et radicalisés (…) J’ai insisté sur l’absolue nécessité de retrouver notre format de 2007 de forces armées, [donc] recruter 50 000 militaires. »
Jean Lassalle a trouvé « très digne au fond notre attitude à tous hier [jeudi] soir » sur France 2, « je trouve que cette unanimité sans faille est la plus belle des réponses qu’on pouvait faire ». « Au fond tout le monde sait que nous sommes en résistance. (…) Je crois que je vais arrêter aussi toute activité », « je crois que je vais annuler tout ça » – réunion à sa permanence à Pau et casse-croûte républicain samedi –, a dit le candidat au scrutin présidentiel sur France Inter.
Philippe Poutou, candidat du Nouveau Parti anticapitaliste, juge la « situation dramatique », mais la solution n’est pas « plus de répression, plus de policiers », même si « dans certaines circonstances, oui », les policiers doivent être armés. Sur sa proposition de désarmer les policiers, « c’est difficile de discuter politique dans ces cas-là, dans l’urgence ». « On ne discute pas de la lutte antiterroriste », mais des manifestations et de la police de proximité.
« Ne pas se laisser entraîner dans la haine et le repli »
François Asselineau, candidat de l’Union populaire républicaine, qui tiendra son meeting de clôture de campagne à Strasbourg, a estimé aux micros de France Inter « assez scandaleux (…) que l’assaillant [fû]t déjà connu des services de police, il avait déjà commis des tentatives d’homicides sur des policiers (…) ça veut dire qu’il y a quand même du laxisme dans le suivi de la justice ».
Sur Public Sénat et Sud Radio, la candidate de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud, a jugé que « ces bandes terroristes (…) qui font des émules, elles prospèrent sur un terreau (…) C’est le résultat d’une politique impérialiste au Proche-Orient, en Afrique qui a d’abord pillé ces régions-là, qui a acculé les populations de ces régions-là au dénuement le plus total ». « Les grandes puissances impérialistes », « dont la France », sont « responsables ».
Dans un communiqué, Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français (PCF) qui soutient Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle, estime que « le peuple de France ne doit pas se laisser entraîner dans la haine et le repli. En votant massivement dimanche, nous ferons acte de résistance contre la barbarie ». Il rend hommage « au sang-froid des policiers » et assure du « soutien » du PCF aux « forces de sécurité appelées à garantir le bon déroulement du vote démocratique français ».