Peine de mort : l’Arkansas accélère le rythme en procédant à une double exécution
Peine de mort : l’Arkansas accélère le rythme en procédant à une double exécution
Le Monde.fr avec AFP
Ces décès s’inscrivent dans un calendrier très controversé d’exécutions accélérées, en raison de la péremption d’une substance utilisée dans les injections mortelles.
Pour la première fois aux Etats-Unis depuis 17 ans, l’Arkansas a procédé lundi 24 avril au soir à une double exécution de deux condamnés à mort, a annoncé la procureure générale de cet Etat du sud du pays, Leslie Rutledge. Condamnés de façon distincte dans les années 1990 pour viol et meurtre, Jack Jones et Marcel Williams ont chacun reçu une injection létale, précise un communiqué. Leurs avocats ont bataillé devant les tribunaux jusqu’aux ultimes minutes, avant de voir leurs derniers recours judiciaires rejetés.
Juste après la mort de Jack Jones, les avocats de Marcel Williams ont notamment lancé un ultime appel en justice, affirmant que cette première exécution ne s’était pas bien déroulée. Selon eux, les agents pénitentiaires ont d’abord échoué à poser un cathéter central au niveau du cou de Jones, étant forcé de se rabattre sur la pose de deux voies veineuses périphériques sur les bras du détenu.
Six à sept minutes après l’injection du premier produit censé plonger dans une profonde inconscience le prisonnier, celui-ci « remuait ses lèvres et luttait pour respirer », ont-ils écrit dans leur recours. La juge fédérale Kristine Baker a alors pris une injonction de suspension temporaire de la deuxième exécution prévue, le temps d’examiner la validité de ces arguments.
L’Etat a de son côté dénoncé des affirmations « complètement infondées » en assurant que la première exécution s’était déroulée dans les règles. Une fois l’injonction levée, Marcel Williams a été mis à mort tandis que des militants contre la peine capitale tenaient une veillée funèbre à l’extérieur de la prison.
La cible de recours judiciaires
Leur décès s’inscrit dans un calendrier très controversé d’exécutions accélérées en Arkansas, en raison de la proche péremption d’une substance utilisée dans les injections mortelles. Les deux hommes sont les deuxième et troisième détenus mis à mort en avril dans cet Etat qui avait initialement prévu d’exécuter huit prisonniers en 11 jours.
Mais ce programme d’exécutions précipitées a été la cible de multiples recours judiciaires et d’une mobilisation internationale des opposants à la peine de mort. Il a été dénoncé par l’Union européenne, Amnesty International, Human Rights Watch ou encore par le maître du roman noir John Grisham, natif de l’Arkansas.
Cette bataille devant les tribunaux s’est pour l’heure soldée par la suspension de quatre des exécutions prévues, une cinquième ayant été elle pratiquée jeudi dernier. Outre les deux exécutions réalisées ce lundi, une dernière est prévue le 27 avril. Le dernier Etat américain à avoir exécuté deux détenus en un jour est le Texas, le 9 août 2000.