L’entraîneur monégasque Leonardo Jardim, le 23 avril. | PHILIPPE DESMAZES / AFP

A force d’enchaîner les succès, Leonardo Jardim doit hiérarchiser ses priorités. Encore en lice sur trois tableaux – dont les demi-finales de Ligue des champions contre la Juventus Turin et un mano a mano avec le PSG en Ligue 1 –, l’entraîneur portugais de l’AS Monaco a décidé de se passer de ses cadres, mercredi 26 avril, lors de la demi-finale de Coupe de France programmée au Parc de princes face au rival parisien. Quitte à « réduire » considérablement les chances de son équipe contre le club de la capitale ?

Confronté à un calendrier démentiel, désireux de faire souffler ses troupes, Jardim a convoqué des joueurs de la « CFA », la réserve monégasque, pour le duel au sommet face aux quadruples champions de France en titre. « On n’a pas le choix, a expliqué le Lusitanien, dont la fameuse « méthode écologique » dispense ses joueurs d’un travail physique trop important. Il y a deux matches avec seulement deux jours de récupération. J’ai besoin de faire tourner l’effectif afin de garder les joueurs les plus utilisés pour samedi [contre Toulouse en Ligue 1]. Si on ne tourne pas, on arrivera au mois de mai totalement morts. »

Leader du championnat (avec le même nombre de points que le PSG mais avec un match en moins) à quatre journées du terme de la saison, adversaire de l’inexpugnable Juventus dans le dernier carré de la Ligue des champions (aller le 3 mai et retour le 9 mai), le club de la principauté privilégie nettement ces deux compétitions. « Le championnat est le plus important et la Ligue des champions également, pour le coefficient européen et l’image internationale des joueurs », a reconnu Jardim, dont la formation est en quête d’un titre majeur depuis 2003.

« Il y a de la fatigue physique et aussi mentale »

« Il y a de la fatigue physique mais aussi mentale, a ajouté le technicien alors que ses joueurs ont déjà disputé 55 matchs officiels depuis le début de cet exercice 2016-2017 aux allures de marche triomphale pour l’ASM, devenue insatiable. Avec les conférences, les mises au vert, les matches. On s’est couchés à quatre heures du matin, et on repart demain pour Paris. Cela dure depuis des mois. »

Privé des latéraux Benjamin Mendy et Djibril Sidibé (blessés), Jardim a retenu plusieurs « grognards » accoutumés au banc de touche pour escorter les « minots » envoyés au front. Il a ainsi maintenu dans son groupe le vétéran et gardien remplaçant Morgan de Sanctis (40 ans), le défenseur Andrea Raggi (32 ans), le milieu Nabil Dirar (31 ans), ainsi que l’attaquant Valère Germain (27 ans), « doublure » des buteurs Kylian Mbappé et Radamel Falcao. Des éléments chevronnés que Jardim assimile à de « bons soldats ». « Il est difficile de trouver des joueurs qui ne lâchent pas, quand ils jouent moins, insiste le coach portugais. Moi, j’aime ces joueurs-là, aux valeurs importantes. Avec cinq comme eux dans un groupe, cela va toujours. »

Considérant ce déplacement au Parc comme « une fenêtre d’opportunité » pour ses jeunes protégés lancés dans le grand bain, l’entraîneur monégasque n’offre-t-il pas là à son homologue parisien Unai Emery l’opportunité de battre l’ASM pour la deuxième fois de la saison, après sa victoire (4-1, le 1er avril) en finale de la Coupe de la Ligue ? Sondé sur le « turnover » décrété par son rival, le coach espagnol du PSG ne s’est pas départi de la langue de bois.

« Je m’attends à la meilleure prestation de Monaco, a prudemment confié le Basque, dont l’équipe dispose de davantage de temps de récupération depuis son humiliante élimination (4-0, 1-6) par le FC Barcelone, en mars, en huitièmes de finale de Ligue des champions. L’ASM fait une grande saison, que ce soit en championnat, en Ligue des champions, en Coupe de la Ligue ou en Coupe de France. C’est un match très difficile mais très important pour nous. Cette demi-finale à la maison, contre Monaco, c’est la meilleure affiche que nous voulions. » Une affiche sensiblement dénaturée.