Argentine : depuis 40 ans, les « Mères de la Place de Mai » continuent leur lutte
Argentine : depuis 40 ans, les « Mères de la Place de Mai » continuent leur lutte
Le Monde.fr avec AFP
Le 30 avril 1977, ces femmes avaient osé invectiver la junte au pouvoir pour demander la vérité sur le sort de leurs enfants disparus.
Les « Mères de la Place de Mai » ont célébré à Buenos Aires, le 30 avril, le quarantième anniversaire de leur premier rassemblement. | EITAN ABRAMOVICH / AFP
Les « Mères de la Place de Mai », qui réclament inlassablement la vérité sur le sort de leurs enfants disparus durant la dictature argentine, ont célébré dimanche 30 avril à Buenos Aires le quarantième anniversaire de leur premier rassemblement.
Le 30 avril 1977, elles étaient quatorze à s’être réunies devant le palais présidentiel, occupé par les militaires depuis le coup d’Etat de mars 1976. Femmes au foyer pour la plupart, ces Argentines avaient osé invectiver la junte alors que la répression battait son plein.
Les militaires les avaient baptisées avec mépris les « folles de la place de Mai », et les avaient obligées à marcher, autour de la statue centrale, car les rassemblements statiques de plus de trois personnes étaient interdits.
« Ils sont en vie… les idéaux des disparus »
Au total, 30 000 opposants ont été éliminés par la milice de droite Triple A ou par la dictature, en vigueur dans le pays de 1976 à 1983. « Trente mille raisons de continuer à se battre », expliquait dimanche une pancarte portée par l’une des 700 personnes présentes à cette marche anniversaire. « Restez vigilantes, restez vigilantes. Ils sont en vie… les idéaux des disparus », ont-elles également clamé.
La fondatrice du mouvement des « Mères », Hebe de Bonafini, désormais âgée de 88 ans et en chaise roulante, assistait à l’événement. Octogénaires pour les plus jeunes, ces femmes auraient pu abandonner la lutte ou espacer les manifestations, mais le temps n’a pas entamé leur détermination. Elles continuent de se rassembler chaque jeudi à 15 h 30.
En 2003, l’arrivée au pouvoir de Nestor Kirchner avait relancé leurs espoirs. Des centaines de militaires ont été jugés et condamnés pour la répression des opposants à la junte.