Ligue des champions : les bons comptes (à court terme) des clubs français
Ligue des champions : les bons comptes (à court terme) des clubs français
Par Rémi Dupré
L’épopée européenne de Monaco et de Lyon place l’Hexagone à la troisième place au classement du coefficient UEFA pour la saison en cours.
Les joueurs de l’AS Monaco, le 29 avril. | VALERY HACHE / AFP
Le football français parviendra-t-il à hisser deux de ses ambassadeurs en finale de deux compétitions européennes ? L’interrogation plane sur les matchs aller que disputeront, mercredi 3 mai, l’AS Monaco et l’Olympique lyonnais, respectivement engagés dans le dernier carré de Ligue des champions (LDC) et de Ligue Europa. La soirée s’annonce électrique puisque le club du Rocher recevra la Juventus Turin au stade Louis-II (à 20 h 45) tandis que les Gones se déplaceront (à 18 h 45) sur la pelouse des Hollandais de l’Ajax Amsterdam.
A l’issue de la manche retour, programmée le 9 mai, l’ASM espère valider son billet pour la finale de la Ligue des champions, prévue, le 3 juin à Cardiff (pays de Galles). Quant à l’OL, qui accueillera les Bataves dans le Rhône le 11 mai, il lorgne sur la finale de la Ligue Europa, programmée le 24 mai, à Solna (Suède). Si d’aventure les deux clubs parvenaient à s’extraire des demi-finales, ils permettraient au foot hexagonal d’égaler sa performance de 2004.
Il y a treize ans, Monaco s’était lourdement incliné (3-0) face à Porto en finale de Ligue des champions. L’Olympique de Marseille n’avait pas été plus heureux en chutant (2-0) contre les Espagnols de Valence en finale de Ligue Europa. En 1996, la France avait également hissé deux équipes en finale de deux compétitions européennes : le Paris-Saint-Germain avait remporté la défunte Coupe des coupes contre les Autrichiens du Rapid de Vienne, et Bordeaux avait perdu, en Coupe de l’UEFA, face aux Allemands du Bayern Munich.
Un bond au coefficient UEFA
En dépit de l’élimination fracassante (0-4/ 6-1) du PSG version qatarie par le FC Barcelone, le 8 mars, en huitièmes de finale de Ligue des champions, l’exercice 2016-2017 aura été grand cru pour l’Hexagone, scellant son retour au premier plan dans les compétitions continentales. « Cette Ligue des champions, c’est aussi celle de la France, qui n’a pas l’habitude d’aller en demies de cette compétition. On représente un pays », a d’ailleurs répété Leonardo Jardim, l’entraîneur de l’ASM, avant les demi-finales de Ligue des champions.
Grâce aux épopées de Monaco et Lyon, la France est ainsi le deuxième pays le mieux représenté cette saison en Coupe d’Europe derrière l’Espagne (le Real Madrid et l’Atlético Madrid sont encore en lice en Ligue des champions, et le Celta Vigo en Ligue Europa), première nation au classement général du coefficient de l’Union des associations européennes de football (UEFA)
Sixième à l’indice UEFA au titre de la saison 2015-2016, l’Hexagone fait un bond notable puisqu’il figure actuellement à la troisième place de ce palmarès pour l’exercice en cours. Devancés par l’Espagne et l’Allemagne, les clubs français atteignent un coefficient de 14,083 et distancent actuellement l’Angleterre (14,071), qui compte un représentant (Manchester United) en Ligue Europa, et l’Italie (13,416), pourvue d’un ambassadeur en Ligue des champions (Juventus).
« On vit une année exceptionnelle »
« Sur le plan sportif, on vit une année exceptionnelle avec deux équipes françaises, Monaco et Lyon, en demi-finales de Coupe d’Europe ; une saison de Ligue 1 avec beaucoup de suspense, d’intensité. Nous sommes troisièmes à l’indice UEFA sur la saison en cours. D’un point de vue sportif, la France fait donc mieux que l’Angleterre et l’Italie sur la saison, estime Didier Quillot, directeur général exécutif de la Ligue de football professionnel (LFP). Personne ne connaît la fin de l’aventure de l’OL et de l’ASM qui peuvent aller au bout. »
Cette performance doit être relativisée dans la mesure où la France apparaît condamnée à être durablement agglutinée à sa cinquième place au classement général du coefficient UEFA, qui prend en compte les cinq dernières saisons européennes. Avec 56 332 points cumulés, les clubs de l’Hexagone sont encore loin des pays du « Big four » (Espagne, Allemagne, Angleterre, Italie) sur le plan comptable. Avec 72 498 unités, les Transalpins, juchés au 4e rang, demeurent hors de portée. Seul motif de satisfaction à court terme : la saison 2016-2017 aura permis à la France de distancer la Russie et le Portugal, respectivement 6e et 7e au classement général.
Réforme de la Ligue des champions
« L’impact des épopées de l’ASM et de l’OL n’est pas nul mais faible. Il n’y a aucune chance de rattraper les Italiens », confirme Bernard Caïazzo, patron du syndicat des clubs de l’élite française Première ligue, et président du conseil de surveillance de l’AS Saint-Etienne. Pour Didier Quillot, « si on produit une deuxième saison comme celle en cours, on se rapprocherait des Italiens » à moyen terme. Le dirigeant renvoie au plan stratégique « à l’horizon 2022 » de la LFP, dont « l’objectif est d’intégrer le Big Four à l’indice général UEFA dans le domaine sportif, économique, du spectacle, de l’image ».
Il faut dire que la réforme de la Ligue des champions, entérinée en décembre 2016 par le comité exécutif de l’UEFA, incite les acteurs du foot hexagonal à se projeter dans le temps. Le « remodelage » de la compétition a notamment provoqué la colère de la majorité des dirigeants des équipes françaises. A compter de l’édition 2018-2019 et jusqu’en 2021, les quatre pays classés en tête à l’indice UEFA (Espagne, Allemagne, Angleterre, Italie) auront quatre formations directement qualifiées pour la phase de poules. Soit la moitié des 32 clubs en lice.
Cette nouvelle formule assure à la France un statu quo si elle se maintient à la cinquième place à l’indice UEFA ou si elle ne descend que d’un rang. Dans cette configuration, le vainqueur de la Ligue 1 et son dauphin se qualifient directement, tandis que le troisième passe par un tour de qualification puis un barrage. « J’espère que l’UEFA tiendra compte des bonnes performances du foot français lors de l’exercice 2016-2017 lors de ses travaux préparatoires sur le cycle 2021-2024 de la Ligue des champions », se projette Didier Quillot.
Actuellement, le football français peut, au mieux, qualifier trois clubs en Ligue des champions et trois en Ligue Europa. Et si l’ASM (leader de la Ligue 1) et l’OL (quatrième du championnat) remportaient les deux compétitions européennes cette saison, l’Hexagone ne devrait pas – à moins d’un improbable alignement des planètes – disposer d’un ambassadeur supplémentaire sur l’échiquier continental lors du prochain exercice.