Alexandre Lacazette célèbre son but à Istanbul, le 20 avril dernier. | Murad Sezer / REUTERS

Malgré un retour in extremis d’Alexandre Lacazette dans le groupe lyonnais, le miracle n’aura pas lieu. Lyon devrait normalement jouer mercredi sa demi-finale aller de Ligue Europa à Amsterdam sans son meilleur joueur.

En phase de reprise, le buteur a participé à la surprise générale à la séance d’entraînement collective, lundi 1er mai, mais sera certainement cantonné au banc des remplaçants du stade Johan Cruyff. L’OL sera privé donc au coup d’envoi de son joueur emblématique, sorti sur blessure juste avant les prolongations épiques au tour précédent face à Besiktas, le 20 avril dernier.

Et le club du président Jean-Michel Aulas a échappé au pire : sévèrement touché par un tacle de l’Angevin Pavlovic vendredi dernier, Corentin Tolisso, que beaucoup considèrent comme l’autre meilleur joueur lyonnais de la saison, devrait, lui, pouvoir tenir sa place d’entrée de jeu contre la jeune équipe de l’Ajax.

Pour saisir l’effroi d’un supporteur lyonnais à l’idée de devoir jouer sans Alexandre Lacazette la troisième demi-finale européenne aller de l’histoire de son club (Coupe des coupes en 1964, Ligue des champions 2010), il est nécessaire de rappeler quelques évidences. Cette saison, Lacazette c’est 31 buts en 40 apparitions : 24 en 27 matchs de Ligue 1, 4 en 6 matchs de Ligue Europa et un but dans chacune des autres compétitions (Ligue des champions, Coupe de France et Coupe de la Ligue). Il n’est qu’à une unité de son record établi en 2014-2015.

31 buts pour Lacazette

A 25 ans, né et formé à Lyon, il vient d’être nommé par ses pairs parmi les quatre meilleurs joueurs de Ligue 1 en compagnie des Parisiens Marco Verratti et Edinson Cavani, ainsi que du Monégasque Bernado Silva. Si les mauvaises langues rappellent sa propension à marquer sur penalty (12 buts sur 24 en Ligue 1), Lacazette est un joueur complet au talent difficilement niable. Il est capable de geste spectaculaire, comme sur le quatrième but du huitième de finale aller contre Rome, d’une frappe aussi soudaine que puissante, qui qualifie rétrospectivement Lyon (4-2, 1-2).

A Istanbul, lors du quart retour, le Gone a marqué le superbe but de l’égalisation d’un ballon lobé subtil et il a pesé à chaque instant sur la défense turque, échouant sur le gardien Fabri et même sur la barre transversale à la dernière minute de jeu. Après cette rencontre, l’entraîneur lyonnais Bruno Génésio avait souligné son importance : « Bien évidemment, la présence d’Alex dans notre équipe change son visage offensif. Elle donne confiance aux autres aussi, je pense. Quand il est au niveau affiché contre Besiktas, il y a une équipe, avec ou sans lui, totalement différente. »

Malgré son gabarit modeste 1,75 m et 73 kg, sa présence sur le front de l’attaque s’avère bien souvent décisive. Sa capacité à faire remonter son équipe lorsqu’elle est en difficulté, à conserver le ballon au milieu de plusieurs défenseurs adverses et la crainte qu’il peut inspirer chez eux est difficilement remplaçable. Son jeune coéquipier Lucas Tousart (20 ans), révélation de la saison, ne cherche pas à cacher le manque : « Alex est notre meilleur joueur offensif, il marque beaucoup. Il participe aussi beaucoup au jeu. Sans un tel joueur, de classe internationale, c’est comme dans toutes les équipes, c’est plus compliqué. »

Si l’avant-centre sera certainement titulaire la semaine prochaine lors du match retour au Parc OL (jeudi 11 mai), ce soir, Bruno Génésio doit composer son onze de départ sans lui. Mais il n’y a pas vraiment de casse-tête pour l’entraîneur de Lyon tant les solutions ne sont pas nombreuses dans son effectif. Il l’a d’ailleurs annoncé dès la semaine dernière : « C’est bien Nabil (Fekir) qui jouera en attaque mercredi face à l’Ajax. »

Alexandre Lacazette sort sur blessure le 20 avril dernier contre Besiktas. | Murad Sezer / REUTERS

Pourquoi remplacer le véritable avant-centre qu’est Alexandre Lacazette par un joueur offensif qui est plus à l’aise lorsqu’il joue en soutien d’un autre attaquant ? Tout simplement parce que l’OL ne possède pas de véritable doublure à son meilleur buteur. Parfois aligné à ce poste, le jeune ailier droit Maxwell Cornet (20 ans) réalise une saison décevante et n’a inscrit que 4 buts contre 8 l’an passé en Ligue 1. Le Néerlandais Memphis Depay, plus à l’aise côté gauche, peut dépanner de temps en temps, mais il n’est pas qualifié pour cette compétition qu’il a déjà disputée cette saison avec Manchester United, son ancien club.

Fekir en pointe

Il faut remonter à septembre dernier pour expliquer l’incongruité qui fait qu’un club comme l’OL ne possède pas au moins deux vrais avant-centres. Alors que Lyon a échoué à trouver une doublure lors du mercato estival, une première blessure de Lacazette oblige Lyon à trouver en urgence un joker médical. Bruno Génésio refuse au dernier moment le renfort de l’expérimenté Togolais Emmanuel Adebayor, et c’est finalement Jean-Philippe Mateta, 19 ans, un inconnu de Châteauroux en National, la troisième division, qui signe le 15 septembre pour une somme conséquente de 3 à 5 millions d’euros selon les bonus.

Résultat, depuis son arrivée surprise, le jeune joueur, qui est loin d’être à maturité, squatte le championnat de France amateur avec l’équipe réserve. Il n’a joué que 91 minutes avec les professionnels : deux entrées en jeu de 15 minutes en Coupe de France et en Ligue 1, et une récente titularisation lors de la défaite contre Monaco en championnat (2-1).

Lors du denier match de championnat, les Lyonnais ont évolué en 4-2-3-1, avec Maxwell Cornet à droite et Mathieu Valbuena à gauche, pour épauler Nabil Fekir seul en pointe. Une composition d’équipe qui a de grandes chances d’être reconduite pour cette demi-finale. Au stade Raymond-Kopa d’Angers, les Lyonnais ont souffert pendant toute la rencontre et se sont imposés avec un maximum de réussite. Rien de rassurant avant d’affronter la jeune garde talentueuse de l’Ajax.

Elément important de l’attaque lyonnaise, Mathieu Valbuena préfère insister sur le caractère exceptionnel du rendez-vous qui attend les Lyonnais à Amsterdam. « C’est clair que nous sommes meilleurs avec lui… Mais on ne dispute pas une demi-finale de Coupe d’Europe chaque année. On va donc s’arracher. Avec ou sans Alexandre, à nous de mettre tout en œuvre pour ramener un résultat », assène l’ancien Marseillais.

Cette saison, toutes compétitions confondues, Lyon a en pourcentage plus gagné sans Alexandre Lacazette qu’avec lui : 55,55 % contre 51,3 %. Une donnée, bien entendu, à relativiser, car le calcul est en effet réalisé sur un nombre de matchs bien moins importants (37 matchs en sa présence contre 9 sans lui) et sur des adversaires d’une qualité différente. A l’OL de tenter de conforter face à l’Ajax cette statistique étonnante et encourageante.