Des affiches de campagne pour le second tour de la présidentielle à Sorrus, dans le Pas-de-Calais. | BENOIT TESSIER / REUTERS

Inédit par sa violence, le débat télévisé de mercredi 3 mai l’aura aussi été par son impact sur la fin de campagne. C’est le principal enseignement du tout dernier sondage réalisé par Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde. Cette enquête a été réalisée par Internet, vendredi 5 mai, auprès d’un échantillon représentatif de 8 200 personnes inscrites sur les listes électorales, dont 5 331 certaines d’aller voter au second tour de l’élection présidentielle. Sur un échantillon de cette taille et pour ces niveaux de réponse, la marge d’erreur est de 1,3 point.

Dynamique Macron. Emmanuel Macron est désormais crédité de 63 % des intentions de vote, contre 37 % à Marine Le Pen. Le candidat d’En marche ! enregistre donc une progression très significative de 4 points par rapport à son score d’avant-débat. Dans l’enquête d’Ipsos réalisée pour le centre de recherche de Sciences Po (Cevipof) les 30 avril et 1er mai, il était crédité de 59 % des intentions de vote, un score qui était en légère érosion depuis une semaine. Selon une nouvelle enquête réalisée le 4 mai, au lendemain du débat, il progressait déjà de 2,5 points, à 61,5 % des intentions de vote. Selon l’ultime enquête rendue publique vendredi 5 mai au soir, au dernier jour de la campagne officielle, il progresse à nouveau de 1,5 point.

Enquête Ipsos réalisée le 5 mai par Internet auprès d’un échantillon représentatif de 8 200 personnes inscrites sur les listes électorales.

Reports de voix. Cette dynamique en sa faveur, sans précédent dans les tout derniers jours d’une campagne présidentielle, confirme l’échec de la stratégie très agressive adoptée par la candidate du Front national lors du débat du 3 mai. Son attitude a manifestement été perçue de façon négative par une partie des électeurs des candidats éliminés au premier tour.

Ainsi, entre lundi 1er mai et vendredi 5 mai, le pourcentage des électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui ont décidé de reporter leur voix sur M. Macron est passé de 48 % à 55 %, tandis que 10 % (− 4 points) envisagent de voter Le Pen et 35 % (− 3 points) de s’abstenir ou voter blanc.

Un glissement de même ampleur s’est opéré chez les électeurs de François Fillon : 48 % (+ 6 points) ont désormais l’intention de voter Macron, contre 28 % (− 4 points) pour Mme Le Pen et 24 % (− 2 points) de s’abstenir.

L’électorat de Benoît Hamon n’a pratiquement pas bougé durant ces quelques jours. En revanche, des électeurs de Nicolas Dupont-Aignan ont manifestement été heurtés par le débat : ils étaient 50 % en début de semaine à vouloir reporter leur voix sur Mme Le Pen ; ils ne sont plus que 39 %, tandis que, à l’inverse, 27 % envisagent désormais de voter pour M. Macron (+ 8 points), 34 % (+ 3 points) prévoyant de s’abstenir ou voter blanc.

Participation. Ces mouvements sont d’autant plus significatifs que l’indice de participation au scrutin n’a pas évolué depuis le début de la semaine : 76 % des électeurs déclarent avoir l’intention d’aller voter le 7 mai. Soit une abstention et/ou des votes blancs très élevés pour un second tour de présidentielle.

Certitude du choix. Enfin, à trois jours du scrutin, 89 % des électeurs expriment désormais un choix définitif : 95 % chez ceux de M. Macron, 92 % chez ceux de Mme Le Pen et 66 % chez ceux qui envisagent de s’abstenir ou de voter blanc. Les 11 % de Français qui déclarent pouvoir encore changer d’ici au 7 mai sont donc essentiellement des abstentionnistes ou votants blanc potentiels qui pourraient finalement choisir l’un des deux candidats.

Comment les sondages sont-ils élaborés ?
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