Incidents du match Bastia-OL : jusqu’à quatre mois de prison ferme
Incidents du match Bastia-OL : jusqu’à quatre mois de prison ferme
Le Monde.fr avec AFP
Les 16 prévenus ont été condamnés à des amendes allant jusqu’à 1 000 euros et 2 ans d’interdiction de stade. Le directeur des services généraux du SC Bastia va faire appel.
Le procureur de Bastia Nicolas Bessone s’entretient avec l’avocat de la Fédération française de football, Benjamin Peyrelevade, au tribunal de Bastia, mardi 16 mai. | PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
« Ce sport rend fou, on ne va pas tout foutre en l’air pour un match de ballon, même si on est passionné », a regretté le procureur de la République de Bastia, Nicolas Bessone, mardi 16 mai, lors du procès sur les incidents du match Bastia-Olympique Lyonnais du 16 avril. Le tribunal correctionnel de Bastia a prononcé des peines allant jusqu’à quatre mois de prison ferme à l’encontre des 16 hommes jugés.
Parmi les prévenus, Anthony Agostini, directeur des services généraux du SC Bastia, qui avait eu une vive altercation à la mi-temps avec le gardien de l’OL Anthony Lopes, a été condamné à une amende de 750 euros. Il était notamment jugé avec quatre autres hommes pour avoir envahi le terrain et pris part aux échauffourées.
Le procureur avait requis à son encontre une interdiction de cinq ans d’exercer toute activité au SC Bastia et une interdiction de stade de la même durée, ainsi que trois mois de prison avec sursis et 500 euros d’amende. « C’est une surprise car nous avions requis la relaxe, a réagi à la fin du procès Me Jean-André Albertini, l’avocat de M. Agostini. Nous allons faire appel car seule la relaxe s’impose. »
Les quinze autres prévenus, poursuivis pour avoir pris part à ces incidents ou être simplement entrés sur le terrain dans la confusion, ont été condamnés à des peines allant jusqu’à quatre mois de prison ferme, 1 000 euros d’amende et 2 ans d’interdiction de stade. Quatre prévenus ont été condamnés à de la prison ferme alors que celle-ci n’avait été requise qu’à l’encontre de deux hommes par le parquet.
Un terrain envahi
Le tribunal a en revanche raccourci la plupart des peines d’interdiction de stade – le procureur avait demandé dans certains cas jusqu’à 5 ans, le maximum – et n’a pas prononcé d’interdiction d’exercer le métier d’agent de sécurité à l’encontre d’un stadier, comme cela avait été requis.
Hervé Guitton, un autre supporter bastiais qui avait comparu avant l’examen des violences autour du match OL-Bastia, a quant à lui été condamné à deux mois de prison avec sursis, 1 000 euros d’amende et 18 mois d’interdiction de stade pour avoir poussé des cris de singe visant l’attaquant de Nice Mario Balotelli.
« C’est un gâchis sportif considérable », avait regretté le procureur de la République de Bastia Nicolas Bessone dans ses réquisitions sur le dossier des incidents autour du match Bastia-OL, dénonçant des « comportements inadmissibles » et fustigeant un « supportérisme dévoyé ».
« Les joueurs chambrent peut-être, mais ça ne justifie en rien cette pénétration [sur le terrain] où ils sont clairement victimes de ces agressions, avec 50 personnes déchaînées qui viennent à leur contact. Ce sport rend fou, on ne va pas tout foutre en l’air pour un match de ballon, même si on est passionné. »
La rencontre Bastia-OL du 16 avril avait démarré en retard après l’envahissement du terrain par des supporters bastiais, qui avaient pris à partie des joueurs et des membres du staff lyonnais pendant leur échauffement, avant d’être définitivement interrompue après de nouveaux incidents à la mi-temps.
« Emportés par la passion »
Lundi, au premier jour du procès, les prévenus avaient regretté être entrés « bêtement » sur le terrain, avoir « suivi la foule sans réfléchir » ou avoir été « emportés par la passion ». « Il faut rappeler que la Corse est une île de passion dans le foot », a aussi plaidé mardi l’avocate d’un des prévenus, « Beaucoup y ont laissé la vie », a-t-elle déclaré en référence à la catastrophe de Furiani, qui avait fait 18 morts et plus de 2 300 blessés en 1992 lors de l’effondrement d’une tribune du stade de Bastia.
Les incidents ont déjà valu au club corse une défaite sur tapis vert – sanction contestée en appel – et la suspension de son stade pour trois matches. Lors de ses deux premiers matches disputés « à domicile » à huis clos à Fos-sur-Mer, le club, qui lutte pour ne pas être relégué en L2, a remporté deux victoires.